POUR CHANGER (VRAIMENT) LĠECOLEÉ ET
CONSTRUIRE UN SYSTEME SCOLAIRE A LA HAUTEUR DES ENJEUX DE NOTRE DEMOCRATIE Christophe Chartreux |
Quelques thses qui traversent cette
contribution : 1- Il
nĠ y a pas eu dĠage dĠor de lĠEnseignement 2- Les
tenants de lĠ Ç Ecole dĠhier È nous mentent 3- Les
Enseignants actuels, dans leur immense majorit, ne fabriquent pas de crtins 4- Les
programmes actuels nĠont rien envier ceux dĠ hier 5- LĠEducation
nĠa pas fait sa Rvolution (et cĠest dommage) 6- La
recherche pdagogique nĠest pas entendue, et ceci depuis des dcennies (On
ne peut donc lĠaccuser des maux et dfauts de notre enseignement) 7- Tout
ne va pas bien pour autant et une rforme profonde de la formation des
Professeurs est mettre en place en y associant la recherche pdagogique 8- LĠorientation,
notamment post-bac, est inexistante de fait. CĠest une erreur de croire que
lĠavenir de nos futurs tudiants se trouve dans les brochures de lĠONISEP I – Analyse de lĠcole et de son contexte (cette partie s'appuie partiellement sur l'ouvrage de C. Guigon, N. Gauthier, M.-A. Guillot, Les instits, Paris, Le Seuil, 1986) 1- Ç LĠ ECOLE NĠEXISTE
PAS ! È QuĠest ce que lĠ
Ecole ? Si la question parat simple, la
multiplicit des rponses en rvle en fait la difficult sous-jacente. On
entend dĠailleurs tout et le contraire de tout! Depuis quelques annes, la mchante humeur a trouv ses porte-parole: SOS Education, Sauver les Lettres ou Jean Paul Brighelli, auteur de La Fabrique du Crtin et gourou auto proclam Ç spcialiste È dĠ peu prsÉtout, sĠpoumonent contre ceux quĠils appellent les Pdagogues ou, pire encore, les Ç pdagogistes È, quand ce ne sont pas les Ç pdagogos È, responsables leurs yeux des maux, rels, supposs et invents, qui frappent notre Ecole. Rien de bien nouveau dĠailleurs dans leurs protestations. Ils rejoignent la mre de famille qui, aprs telle ou telle mission de tlvision, dclare, outre : Ç Mais ma fille nĠapprend pas tout a lĠcole ! Sa prof est nulle ! È CQFD !... ; mais aussi cette institutrice deux ans de la retraite et qui se souvient ou croit se souvenir de ses premiers lves : Ç Ah mais ils taient bien meilleurs ! Et bien plus polis parce que bien mieux levs ! È ; et encore le politicien, de droite comme de gauche, faisant de lĠEcole une cible facile : ÇLe gaspillage financier est intolrable ! Les enfants ne savent plus rien ! È ; enfin le syndicaliste participe lui aussi, sa manire, au concert : ÇIl manque des moyens, des postes et des sous ! È. Une cacophonie sans nom ! Dans le mme temps, on entend le discours exactement inverse : Ç Ce que font mes enfants aujourdĠhui lĠcole est extraordinaire ! Comme jĠaurais aim pouvoir en faire autant, de mon temps ! Mme de lĠinformatique ! Et ils lisent de beaux livres ! È sĠmerveille une maman. Ç Mes lves sont polis et leur niveau est bien plus lev que celui auquel je mĠattendais ! È renchrit ce professeur dĠcole tout tonn de ne pas avoir mater une horde de sauvages. JusquĠau Ministre qui promet, son entre en fonction : Ç Je nĠattacherai pas mon nom une nouvelle rforme. DĠailleurs, tout ne va pas si mal ! È. LĠeuphorie gnrale! Mais alors lĠEcole, quĠest ce que cĠest ? Bien difficile dire, nĠest ce pas ?É En fait, jĠaffirme ici que lĠEcoleÉa nĠexiste pas ! Elle a toujours ses quatre murs, une cour de rcration, des salles de classes et parfois une devise rpublicaine son fronton mais elle nĠest que DIFFERENCES : - l une btisse btonne ou Ç ferraille È surgie au milieu des HLM - ici une bonne vieille cole de village jouxtant la Mairie et btie de plain-pied, en pierres, avec ses fentres donnant sur les platanes de la cour et juste aprs le muret, la campagne qui commence. - enfin lĠcole parisienne, souvent de briques rouges, dont lĠentre surmonte du Drapeau tricolore donne sur un escalier de bois blanchi par lĠeau de Javel des lavages. Et dans chaque classe, des matres et des matresses tous diffrents par lĠge, lĠorigine et la formation. Et dans chaque classe, des enfants diffrents par leur culture, leur milieu et leurs capacits. Et tout ce petit monde DOIT travailler ensemble, au mme rythme si possible, pour atteindre toujours ensemble lĠobjectif assign lĠEcole depuis la IIIme Rpublique et toujours en vigueur : Ç Apprendre lire, crire et compter È. Peut tre est-elle l, la cause
de tous ces maux, rels et imaginaires. Aprs la Seconde Guerre Mondiale,
lĠEcole change de rle et de fonctions, et ceci plusieurs fois de suite. Des
rformes nombreuses voudront la transformer ; bien peu seront
effectivement appliques. Aucune, de fond ni dĠimportance, ne le sera sur des
dures excdant 5 ans. Elle conserve
des rites et des manies immuables. Sa Ç clientle È sĠest diversifie
et massifie. Les parents et quelques autres en font le bouc missaire dĠune
socit post industrielle mal dans sa peau. Pourtant elle garde des
rgles de vie et des pratiques pdagogiques hrites du sicle dernier. LĠchec scolaire a bon dos ! Il
rsume tout et nĠexplique rien ! (Voir paragraphe 3 du prsent
travail) 2- EDUQUER ET
INSTRUIRE Les professeurs dĠcole, mais aussi lĠensemble de la profession enseignante, sĠassignent des objectifs trs souvent divergents : -
1977 : Etude SOFRES/Monde de lĠ Education :
-
Septembre 1984 : Etude IPSOS/Le Monde
La synthse des deux missions, Eduquer/Instruire, avait t tablie par Jean Marc Favret en 1985 pour le CNDP : Ç Education et
Instruction sont insparables
(É). LĠenfant doit apprendre bien lire, crire et compter et, dans
le mme temps, se situer dans le
monde qui lĠentoure. (É) QuĠon le
veuille ou non, quĠon en prenne conscience ou non, toute classe
est une classe htrogne. Les
origines culturelles et sociales, les diversits linguistiques et techniques
croisent lĠenvi les diffrences dĠapparences et de comportements. Le public
de lĠcole est vari mais sa mission reste unique. Or le systme scolaire doit
permettre chacun de sĠoutiller pour la vie. È. Concilier la vie des enfants et les objectifs assigns lĠducation -instruction comprise- est le lot commun de TOUS les enseignants. Mme les inconditionnels des Ç savoirs È ne peuvent pas contourner cette donne. Celui qui affirme Ç Je nĠai aucun problme de discipline È nĠexplique en fait que son autorit, son influence, son pouvoir de sduction permettant dĠobtenir de ses lves les conditions qui permettent de travailler. Et ce travail qui conditionne lĠinstruction, cĠest lĠducation. Malgr (ou cause de) cette querelle Instruction/Education, lĠvolution de lĠEcole me semble paradoxale. On pourrait facilement dmontrer que, contrairement aux affirmations de certains tenants du fameux Ç cĠtait mieux avant È, rien nĠa fondamentalement chang : le tableau noir o sont encore trs souvent inscrits les incontournables exercices du BLED, Bible de lĠorthographe ; lĠestrade ; les boites de craies ; parfois mme les paquets dĠimages, tout est encore l. La configuration des tables a t peine revue et corrige en collge et lyce aprs mai 1968. Et tout cela aussi bien en milieu rural quĠurbain. Seules fantaisies concdes la tradition : des murs repeints et un micro ordinateur (plus impos que choisi), maisÉle bureau du matre toujours face ses lves ! (CĠest symbolique car jĠai parfaitement conscience que ce nĠest pas en supprimant ou en changeant le bureau de place quĠon voluera plus vite.) SĠil fallait une autre preuve de cet immobilisme, la lecture du Code Soleil (recueil de tous les textes administratifs concernant lĠenseignement primaire) y suffirait. Entre 1929(1re dition) et 1999, seules deux parties ont disparu : celle concernant les devoirs et droits des membres de lĠenseignement public et celle qui prsentait la lgislation de lĠenseignementÉpriv ! On a galement dbaptis le Conseil Suprieur de lĠInstruction Publique en celui de lĠEducation Nationale et les Inspecteurs Primaires sont devenus Inspecteurs de lĠEducation Nationale (IDEN). Rien de plusÉ Je conseille galement la lecture du Dumas utilis dans tous les Cours Moyens de France pendant des annes (JĠai sous les yeux, au moment o jĠcris ces lignes, lĠdition originale de 1931 : L. Dumas, Le Livre Unique de Franais, Hachette Paris 1931). En laissant de cot la prsentation, videmment dpasse et vieillotte, tous les exercices (Lecture ; Grammaire ; Vocabulaire ; Orthographe ; Composition Franaise) sont contenus dans le mme ouvrage et ont pour fondement un seul et mme texte. Textes qui pour 108 dĠentre eux- sur 120- nĠont aucune Ç valeur littraire È. Cela ne rappelle-t-il rien ceux qui dnoncent les contenus dĠapprentissages actuels. 1931É2006ÉCĠtait mieux avant ? Non bien sr ! En prs dĠun sicle, la Ç rvolution
pdagogique È responsable de TOUS les maux de lĠcole nĠa pas eu
lieu ! Au contraire, lĠEcole reste prisonnire de son Histoire. (Voir galement le paragraphe 9 de cette tude) 3- A PROPOS
DĠECHEC SCOLAIRE A quelques exceptions prs, les professeurs dĠcole, de collge et de lyce travaillent ! Beaucoup mme, parmi les Ç instits È sĠacharnent, seuls devant le tableau noir avec leurs 27 heures hebdomadaires et leurs 7 disciplines. Tous sont confronts des problmes difficiles dont le plus dramatiquement mal vcu est sans contestation lĠchec scolaire. Echec ? Certains rfutent le terme, comme Jean Pierre Chevnement car il met en cause lĠcole et elle seule estimait lĠancien Ministre de lĠEducation Nationale. Il lui prfrait son contraire, le mot Ç russite È. DĠautres sĠinsurgent contre lĠinfamie du mme mot qui relgue aux oubliettes les oublis du systme. Et pourtantÉ LĠchec scolaire est aussi vieux que lĠcole obligatoire. Il nĠa en effet jamais exist dĠage dĠor de lĠenseignement. Les matres des annes 1960 exerant devant les classes de fin dĠtudes qui menaient au Ç certif È tmoignent du dressage inflig leurs lves pour les mener au jour de lĠexamen. Voici ce que me disait un vieil instituteur poitevin, aujourdĠhui retrait : ÇLe plus important de lĠannes, cĠtait de faire moins de 5 fautes la dicte du Certificat dĠtudes, parce que 5 fautes, cĠtait liminatoire. Quinze jours avant, il nĠtait pas prts et 15 jours aprs, ils avaient quasiment tout oubli È. Quant ceux quĠon ne prsentait mme pas au Ç certif È et qui quittaient lĠcole 14 ans sans diplme, ils sont enfouis dans la chronique enthousiaste des grandes et riches heures de lĠEcole Laque. LĠchec scolaire a aussi une fcheuse tendance rvler impitoyablement les ingalits sociales. Sans dire que lĠEcole les cre, force est de constater quĠelle les fortifie. Entre 1978 et 1984 puis entre 2001 et 2005, les chiffres nĠont quasiment pas vari : 93% des enfants de cadres suprieurs et professions librales ont effectu une scolarit primaire Ç sans fautes È ; 36% seulement dĠenfants dĠouvriers/employs sont dans le mme cas. Le profil type de lĠlve en chec scolaire est bien connu : fils ou fille dĠouvrier/employ ; pre chmeur ; famille monoparentale suite un divorce ; famille surendette ; fils ou fille dĠimmigrs. Dans ces cas l, apprendre lire, crire et compter nĠest pas ressenti comme une priorit. Les habitudes slectives se prennent dĠailleurs trs tt puisque 91% des lves ayant redoubl le CP nĠatteindront jamais la seconde. LĠchec scolaire a souvent t expliqu, en partie, par les pdiatres (Docteurs Courtecuisse, Vermeil et Guran). Extrieurs lĠinstitution, ceux-ci nĠont pas t entendus. Leur tude nĠa dĠailleurs jamais t publie ! Il faut dire que leur discours tait direct : - la moiti des lves dĠune classe dĠage nĠatteint pas le baccalaurat - 40% seulement des lves accdent la terminale - le systme ducatif porte une large responsabilit de ces checs - le systme ducatif fonctionne en imposant une norme et un rythme auxquels TOUS les lves doivent sĠadapter ou se soumettre - les rythmes biologiques des enfants ne sont pas pris en compte :
Le systme ducatif tranche
dans le vif. CĠest 6 ans que lĠon trie les Ç bons È et les
Ç mauvais È. La lenteur et les retards sont rigs en maladies
chroniques. Voila sans doute pourquoi 1 enfant sur 8 parcourt sans fautes la
totalit du cursus dĠenseignement gnral, du CP au Baccalaurat. 4- Ç LE NIVEAU BAISSE ! È Ç Le niveau baisse ! È. Ce cri est devenu le leitmotiv des dtracteurs de lĠEcole: parents dsesprs parce que mal informs, professeurs aigris se consolant dans la lecture ou lĠcriture de pamphlets mensongers, mais trs Ç tendance È, inspecteurs irascibles. Mme la presse, en particulier tlvisuelle, embote le pas aux Ç anti pdagogues È. LĠinterview de Jean Paul Brighelli sur France 2 par une Franoise Laborde plus que complaisante fut cet gard rvlatrice de lĠaudience accorde tous les poncifs vhiculs, dont ce trop fameux Ç le niveau baisse ! È. Rien de nouveau sous le
soleil pourtant. En 1938, voila ce
quĠcrivaient les collaborateurs de Jean Zay, Ministre de lĠEducation Nationale du
Front Populaire (assassin par les nazis avec la complicit de Vichy) : Ç On constate que la lecture courante nĠest pas acquise 10
ans par la moyenne des lves. Dans les premire et deuxime annes du primaire
suprieur (aujourdĠhui 6me et 5me), nombre dĠlves
nĠont pas la perception rapide et globale des mots et des phrases qui seule
permet une lecture courante et intelligente È. Toujours en 1938, ces propos sont devenus Ç Instructions du 20 septembre relatives aux arrts du 23 mars 1938 È et concernant lĠapprentissage de la lecture (Bibliothque pdagogique EDSCO, Editions scolaires, Chambry 1950, Edition Originale, page 30) Ç LECTURE ET RECITATION. – (É) Des constatations faites dans de nombreuses coles, il
rsulte que Ç la lecture courante È nĠest pas compltement
acquise 10 ans par la moyenne des lves. (É) Dans la deuxime anne du Cours
suprieur et mme dans la premire anne des coles primaires suprieures, on
voit encore des lves qui nĠont pas cette perception rapide et globale des
mots et des phrases qui seules, permet une lecture courante intelligente È Enfin, jĠai pris le plaisir de comparer les programmes de Franais suivants : - Programmes
et Instructions de lĠEnseignement Primaire È en rapport avec lĠenseignement du Franais : 1923,
1938, 1945, 1946, 1947
ET - Instructions officielles Ç Cycle des approfondissements Cycle 3, Bulletin Officiel de lĠEducation Nationale hors srie Numro 1 du 14 fvrier 2002 (Instructions en vigueur actuellement)/Toujours uniquement en ce qui concerne lĠenseignement du Franais
BOI 14 FEVRIER 2002, page
21 : Objectifs : (É) Le
respect du droulement chronologique, jalonn par des dates significatives,
y est donc essentiel et constitue lĠune des bases de lĠapproche historique.
Programme : (É) La programmation
(É) doit respecter lĠordre chronologique et ne ngliger aucune priode,
y compris la plus rcente.
Comptences (devant
tre acquises en fin de cycle)/Page 23 : Etre capable de distinguer les
grandes priodes historiques, pouvoir les situer CHRONOLOGIQUEMENT (É). Je pourrais encore apporter
bien des preuves, par un travail comparatif, que les programmes actuels et leur
application nĠont strictement rien envier ceux de 1947. La crainte de la dgradation de la qualit de
lĠenseignement est plus vieille encore que lĠEcole gratuite, laque et
obligatoire. Ces textes montrent si besoin est quel point les
Ç adorateurs È dĠun age dĠor de lĠEducation Nationale se trompent et
nous trompent. (JĠaccuse au passage, la
lumire de mes propres recherches et la lumire des recherches prsentes
plus avant, tous ces enseignants aigris, vritables rvisionnistes du pass,
mensongers sur le prsent et uniquement soucieux de leur petite part de Ç gloire È
au travers de leurs crits mdiocres, de nĠagir quĠ des fins politiciennes.) Curieusement, il existe trs peu dĠtudes scientifiques sur les niveaux compars des lves du dbut du XXme sicle et dĠaujourdĠhui. Quelques indications nanmoins : - 1973 : Franois Ters, Orthographe et vrits, Paris, ESF, 1973 : Celui-ci a compar les rsultats sur une mme phrase dicte aux lves des cours moyens en 1904 et 1965. LĠavantage revient ces derniers. - LĠINRP (Institut National de la Recherche Pdagogique) sĠest intress aux performances en Mathmatiques des enfants de cours moyens 1957, 58 et 61 dĠune part, 1970, 77, 78 dĠautre part, 1997, 98 et 99 enfin. La conclusion est sans appel : Ç Les enfants savent aussi bien faire des oprations quĠil y a 20, 30 et 50 ans. En gomtrie, ils sont trs nettement plus performants È - Louis Legrand, Chercheur en Sciences de lĠEducation, a observ quĠun enfant de 1990 devait en savoir et en assimiler beaucoup plus que son petit camarade de 1900, tout programme compar. La prtendue Ç baisse
de niveau È est bien un fantasme engendr par une socit inquite de son
avenir et de son Ecole. Depuis les
annes 1975/80, les rumeurs persistantes sur le thme Ç France, ton
enseignement fout le camp ! È sont vhicules paralllement
la mise en place de la dmocratisation de lĠEcole et la baisse du prestige
social du corps enseignant. Les matres ne sont plus les notables considrs
dĠavant guerre. Plus grave mme, plutt que dĠavouer leurs faiblesses,
pourtant comprhensibles, plutt que de confronter leurs difficults pour les
rsoudre EN EQUIPES, beaucoup dĠenseignants en rejettent la responsabilit
sur leurs lves ou sur les
Pdagogues dont, il faut le dire et le redire, un nombre infime de propositions
a t effectivement appliqu. En retour, les parents lgitimement sensibles ces difficults, accusent lĠEcole. Professeurs dĠEcole, Professeurs de collges et lyces, parents, tous se renvoient la balle, convaincus la longue que Ç le niveau baisse È. Longtemps, encore aujourdĠhui dĠailleurs, on a cru que ces difficults dĠapprentissage, relles pour certaines, fantasmes pour dĠautres, rsultaient dĠune querelle de mthodes pdagogiques et quĠune fois lĠaffaire rgle, on nĠen parlerait plus ! Malheureusement aucune lumire nĠa jamais jailli des disputes entre tenants de la mthode globale de lecture (jamais applique) et tenants de la mthode alphabtique ou syllabique (B-A- BA). 5- Ç VA FAIRE TES DEVOIRS ! È Bulletin Officiel de lĠ
Education Nationale No 1, 3 janvier 1957 ÇAucun devoir crit, soit
obligatoire, soit facultatif, ne sera demand aux lves hors de la classe.
Cette prescription a un caractre impratif et les Inspecteurs Dpartementaux
de lĠEnseignement du 1er degr sont incits veiller son application
stricte È. Malgr cette Instruction officielle toujours en vigueur, les devoirs la maison, oraux et crits, restent le lot commun de la quasi-totalit des lves de lĠcole primaire. La rsistance active dĠune majorit de professeurs dĠcole une directive vieille de 50 ans a de quoi surprendre. LĠintention du Ministre tait et reste louable : ne pas surcharger les lves de travail et ne pas introduire de discrimination entre les enfants Ç aids È et ceux qui ne le sont pas. Or depuis un demi-sicle, des gnrations dĠenfants nĠont jamais ressenti le moindre effet dĠune semblable intention. DĠaprs une tude de lĠ INRP, dj ancienne (1985) mais toujours dĠactualit, quatre constats ont t tablis : - 83% des professeurs dĠcole donnent des devoirs (oraux et crits), au minimum quatre cinq fois par semaine, faire la maison. 81% des lves sĠen acquittent avec dĠautant plus de zle que leur non excution nĠest pas admise. - Contrairement ce qui se dit, le travail la maison nĠest absolument pas destin compenser les lacunes de tel ou tel lve, ni rattraper les retards pris en classe puisque 82% des professeurs dĠcole donnent LE MEME travail faire TOUS les lves de la classe. - Plus lĠlve avance dans sa scolarit primaire, plus il doit sacrifier au rituel du travail la maison. Au CM2, lĠenseignant exige des dossiers, des interviews, des rdactions, prfigurant ainsi les devoirs de collge. - Peu dĠenseignants du primaire ont une notion claire de la charge de travail inflige aux jeunes lves. Une demie heure de travail en plus par jour reprsente cinq heures hebdomadaires supplmentaires, tout cela pour constater que les bons lves sontÉbons, que les lves moyens sontÉmoyens et que les lves en difficult ont dcidment bien desÉdifficults. (A noter : nombreux sont
les enseignants qui se plaignent des contraintes imposes par leur IDEN, leur
Conseiller Pdagogique ou leur Matre formateur IUFM. Curieusement, ce sont ces
mmes enseignants qui se fichent comme dĠune guigne de lĠInstruction Officielle
du 3 janvier 1957É Comme quoi, quand on veut, on peutÉ) Mais si les devoirs/maisons rsistent aussi bien aux instructions officielles, cĠest aussi parce que les parents en redemandent. Ce sont dĠailleurs souvent les parents les moins instruits qui rclament du travail la maison. Trois raisons cela : - Ils pensent que les devoirs/maisons permettent de mieux retenir ce qui est appris dans la journe lĠcole - Ils esprent que les devoirs/maisons empcheront leurs enfants de traner dans la rue - CĠest souvent leur seul lien avec lĠcole Les devoirs/maisons suscitent donc un double paradoxe. DĠune part, ils constituent un facteur de slection sociale puisque certains enfants ne sont jamais aids ou ne peuvent pas travailler correctement chez eux. DĠautre part, ils sont rclams par ceux auxquels ils profitent le moins. En revanche, les Ç milieux aiss È sont plus discrets sur ce chapitre. Trs exigeants vis--vis de lĠEcole, ils trouvent des subterfuges pour administrer la Ç pilule vesprale È : Ç Fais tes devoirs ou je te prive de judo ! È. A dfaut, la sance de calcul peut devenir un moment de jeu en famille. Privilge bourgeois que de ne pas avoir tout apprendre et attendre de lĠ Ecole. LĠEcole est lĠunivers de bien dĠautres paradoxes qui expliquent le prcdent : - Les professeurs veulent transformer lĠEcole mais ils refusent de dmnager leur classe pour transfrer leur cours prparatoire du 2me tage au rez-de-chausse parce quĠil est plus facile des enfants de 6 ans dĠaccder de la cour de rcration leur sale de classe. - Les professeurs dĠcole vous expliquent en permanence quĠil leur est difficile de sĠen sortir seuls mais ils se mfient du travail en quipe et ne veulent voir personne dans leur classe. (Le fait est encore plus remarquable en collge/Le travail en quipe est en revanche souvent exemplaire en ZEP et il donne des rsultats) - Toutes et tous trouvent leurs classes trop exigus mais nĠutilisent pas tout lĠespace, en sortent encore moins et concentrent leurs activits sur le tableau. Beaucoup de Professeurs, dĠcole, de collge et de lyce sont avant tout conservateurs. Autant par routine que par conviction profonde. Si la demande de changement est norme, les classes se suivent et, souvent, se ressemblent. Les devoirs/maisons ont encore de beaux jours devant euxÉ De lĠimagination pdagogique et des innovations naissent le malheur et le scandale, dit on ici et l ! On leur prfre donc un sicle de savoir-faire rcrit au got du jour ! JusquĠ lĠennuiÉ 6- DISCOURS SUR LA METHODE Instructions
du 20 juin 1923 relatives au nouveau
plan dĠtudes des Ecoles Primaires Elmentaires (Bibliothque pdagogique
EDSCO, Editions scolaires, Chambry 1950, (Edition originale, page 10) : LECTURE : Ç Nous ne prconisons aucune
mthode : la meilleure sera celle qui donnera les rsultats les plus
rapides et les plus solides. Entre la mthode dĠpellation et la mthode
syllabique ou la mthode globale, nous ne faisons aucun choix. È Si lĠenseignement de lĠcriture nĠa gure chang lĠexception de lĠart et la manire de former les Ç anglaises È, si celui du calcul sĠest transform dans la lettre mais pas dans lĠesprit, lĠenseignement de la lecture reste lĠpicentre des plus violentes polmiques qui ont secou les 50 dernires annes du XXme sicle et les premires annes du sicle qui commence. A notre droite, les tenants de la mthode alphabtique qui, pensent ils, a fait ses preuves depuis la IIIme Rpublique auprs de ceux qui accdaient lĠinstruction. A notre gauche, les tenants de la mthode dite Ç globale È, labore par Ovide Decroly. En caricaturant et pour faire court, la mthode alphabtique permet de mmoriser les lettres puis de les combiner entre elles. La mthode globale permet de mmoriser des mots. Dans cette querelle, on retrouve les durs et les mous, les croyants et les athes, plus quelques intgristes fanatiques. Et encore ! Pour le grand public, la querelle nĠoppose que deux mthodes. Mais lĠaffaire se complique singulirement quand on sait quĠil existe beaucoup dĠautres faons dĠapprendre lire ! Une seule chose est sre : aucune mthode nĠa su garantir 100% la russite des enfants en lecture. Ceci est dĠautant plus vrai que la querelle sĠest accompagne dĠimprcations, dĠimprcisions, de non-dits, dĠinterprtations, de mensonges mme. NĠa-t-on pas accus la mthode globale de provoquer des troubles de la mmoire et de rendre certains enfants dyslexiques ? On sait aujourdĠhui quĠil nĠen est rien mais la rumeur a laiss des traces indlbiles. Trs rcemment, on a mme eu le culot dĠexpliquer les rvoltes des banlieues par cette mme mthode globale ! Les enfants lisent mal, cĠest la faute Decroly, donc ils brlent des voitures ! Ah bon ! En 2006, il nĠest en tout cas pas un seul matre en France pour prtendre nĠutiliser QUE la mthode globale. En revanche, tous ou presque mlangent les genres : un zeste dĠalphabtique, trois gouttes de globale et une sauce toute personnelle. Le cocktail fut dĠailleurs officialis lors dĠun colloque organis en 1979 par Christian Beullac, Ministre de lĠEducation Nationale. Devant une assistance mduse et regardant le bout de ses chaussures, Colette Chiliand, psycholinguiste, concluait en ces termes : Ç On ne peut pas
rellement savoir si une mthode est bonne ou mauvaise. Quand le matre qui
lĠapplique est convaincu, il y a toujours un taux exceptionnel de russite.
Quand il ne lĠest pas, quand il obit untel ou untel, une mode du moment,
cĠest lĠchec ! È QuĠon se le dise !.... en relisant les instructions officielles de1923 ! 7- PETIT TOUR EN MATERNELLE Ç Depuis que je suis
enseignante, je me suis trs souvent remise en question È ; Ç Il
est ncessaire dĠavoir des ides biodgradables en pdagogie. Il faut se
dbarrasser des strotypes È ; JĠadore inventer des situations
nouvelles pour vois comment vont ragir les enfants È ; Ç Mes
lectures ? Des livres de pdagogie, de linguistique, de psychologie de
lĠenfant, et pas seulement du DoltoÉ È. Mais quel est ce Professeur dĠEcole qui sĠexprime aussi librement, avec autant dĠenthousiasme ? Certainement une Ç mordue È qui ne dcrochera plus. Oui mais seulement voilaÉCĠ est une veinarde : elle enseigne en maternelle, la section Ç chouchoute È, lĠunivers clos, protg, lĠcart des conflits et du dmon de lĠchec scolaire. En maternelle, ni examen, ni sanction. De plus, cĠest la vitrine de la recherche pdagogique. Bref la maternelle est une oasis, un lieu dĠexpression et dĠpanouissement pargn par les contraintes. Coin-poupes, coin-cuisines, coin-livresÉDes images aux couleurs vives accroches partout aux mursÉUn cochon dĠInde dans une cage, la mascotte des enfantsÉLĠnorme calendrier o sont nots les anniversairesÉEn rouge et en gros caractres le di-manche...Des bouts de moquette de toutes les couleurs o lĠon sĠassoit pour lire, en puisant pleines mains dans de grands paniers remplis de livresÉNathalie sĠest mise part ; elle prpare la cuisine des poupesÉTout lĠheure sera Ç le temps des mamans È o chacune dĠelles viendra dans la classe chercher son enfant, en prenant tout le temps qui lui sera ncessaireÉCĠ est quĠelle a bien chang lĠcole maternelle. Hier on y excutait les ordres au sifflet ; aujourdĠhui elle est le salon de lĠinnovation pdagogique, envie par le monde entier ! Lentement mais srement, la scolarisation des tout-petits (2 ans) progresse. Personne ne conteste plus les apports dĠune cole maternelle vivifie par les recherches pdagogiques et par lĠapplication de mthodes nouvelles : - elle permet de reprer trs tt les handicaps - elle offre de meilleures chances pour la russite scolaire ultrieure Il convient nanmoins de nuancer ces indiscutables russites. LĠcole maternelle nĠefface pas la tare indlbile du systme ducatif, savoir la reproduction des ingalits sociales. Le fils dĠouvrier/employ qui rentre lĠcole trois ans nĠa gure dĠespoir, statistiquement parlant, de mieux russir sa scolarit primaire que son camarade fils de cadre, lequel ne lĠaura pourtant rejoint quĠen CP. Et la crativit des professeurs dĠcole en maternelle nĠest pas encore pour eux un passeport pour la russite scolaire. Hlas ! A ce sujet, il est ncessaire de souligner que les professeurs dĠcole exerant en maternelle pratiquent un militantisme pdagogique hors du commun. La liste des Ç charmes È de lĠcole maternelle, trop longs numrer, est le rsultat de ces rflexions en commun, de ces permanentes remises en question, de lĠbullition pdagogique qui font envier notre cole maternelle partout dans le monde : - Le dialogue parents/enseignants y est plus quĠencourag. Les parents ont le droit dĠentrer dans les classes, de sĠattarder avec les autres parents et enseignants - Certains parents mettent la main la pte et participent lĠanimation de lĠcole - Les heures dĠaccueil peuvent tre modules en fonction du rythme des enfants - La sonnerie est trs souvent supprime - Dans les coles o sont scolariss les Ç 2 ans È, ceux-ci entrent aprs les Ç gants È de 5 ans afin dĠviter les bousculades - LĠenfant est astreint au code collectif de vie mais il peut choisir ses activits, avancer son rythme - LĠenseignant est dlivr de programmes imposs trop contraignants, des carnets de notes et des devoirs - LĠenseignant peut prendre son temps, observer, couter et attendre tel ou tel bambin. Mais les premiers sombres nuages commencent sĠaccumuler au dessus de nos coles maternelles. On a dit et rpt aux parents quĠelles prparaient, quĠelles conditionnaient lĠavenir scolaire des enfants. Dsormais la maternelle est de plus en plus intgre dans la stratgie scolaire. (En particulier dans les milieux aiss). Certains vont jusquĠ se persuader quĠintgrer le CP 5 ans offrira plus de chances leur progniture pour Ç faire È Normale Sup. ou Polytechnique. Les professeurs dĠcole maternelle font lĠobjet dĠune cour (dĠune pression ?) insistante de la part des parents qui souhaitent voir leur enfant savoir lire 5 ans, voire 4. On veut dsormais une maternelle performante, mieux organise, bref qui Ç produise È des effets visibles rapidement. Et la maternelle se mue, peu peu, en antichambre du CP. CĠest une erreur formidable ! Mais elle rsulte : - de la pression que dĠaucuns font peser sur les parents par un discours lamentablement alarmiste et non dpourvu dĠarrires penses politiques. - dĠune priode incertaine o Ç avenir È rime souvent avec Ç chmage È. Il est craindre que dĠautres demandes croissantes pesant sur cette cole ne fassent voler en clats ce qui assurait les belles heures de la maternelle : - la libert pdagogique - lĠinventivit et la prise en compte des innovations pdagogiques - lĠabsence de contraintes - la prise en compte du dveloppement de lĠenfant sanctionne par son volution et par elle seule Tout ce qui nĠexiste plus
en primaireÉ 8- LES
CHOSES EN FACE Il est vain de vouloir apprcier un tableau global de lĠensemble des professeurs dĠcole, encore moins fortiori de lĠensemble du corps enseignant. Il existe dĠexcellents matres, dĠautres qui par routine, laisser-aller ou manque de curiosit grent leur classe au jour le jour, dĠautres encore totalement incomptents. Mais cette simplification est trompeuse. Telle matresse adore de ses lves peut leur inculquer lĠamour de la lecture et faire des fautes dĠorthographe ou dire des btises au cours dĠune sance de sciences ou de technologie. Tel autre matre, tout juste sorti de lĠ IUFM, pourra raliser des prodiges en petite section de maternelle l o une collgue plus confirme aura chou, par fatigue, lassitude ou dgot. Les Ç profs È travaillent avec plus ou moins de succs, plus ou moins de talent, plus ou moins de bonheur mais lĠimmense majorit est motive et conserve cette motivation tout au long de sa carrire. Ce nĠest pas le laxisme qui menace lĠcole primaire mais la mdiocrit. La Ç drive È de lĠ Ecole Publique exprime les fantasmes des nostalgiques de lĠordre et de la discipline dĠantan. Le vrai scandale est ailleurs. Il est dans lĠimpunit o sont maintenus les fauteurs de troubles et dans la manire dont lĠinstitution se fait tacitement complice de lĠenseignant. Pour tre limog de lĠEducation Nationale, il faut y mettre une volont sans limite ou Ç draper È de manire gravissime. (A dfaut, on Ç suspend de cours ÈÉ). Le dilettantisme devient alors une denre difficile quantifier. Ceci dit, et pour une vingtaine dĠ IDEN interrogs, la proportion de Ç fumistes È invtrs et de Ç fauteurs de troubles È ne reprsente quĠ 1 2% du total des enseignants. Bien entendu, on peut citer tel ou tel cas pour le moins troublant : (les noms cits ont t changs et sont invents ; toute ressemblance avecÉetc. /les cas sont rels, directement constats ou rapports par des personnes de toute bonne foi). - Clmence Picard dicte un texte ses gamins, le walkman install sur ses oreilles - Florence Grau joue au Sudoku ou lit ses magazines prfrs pendant que ses lves sont supposs sĠatteler des exercices de calculs dont elle nĠa pas pris la peine dĠexpliquer les donnes - Fabrice Dumont sĠmerveille devant les dessins de ses lves. Soit, mais ils recopient le mme depuis la rentre et on est enÉ fvrier ! - Caroline Frot a trouv un moyen agrable de Ç se faire de lĠargent de poche È (Je cite) dans cette petite cole de campagne, proche de chez elle et du cabinet de son mari chirurgien-dentiste. Elle regarde sa montre toutes les 5 minutes, attendant une rcration qui durera une heure. Ç Je ne sais jamais quoi leur faire faire È avoue-t-elle ingnument et sans honte aucune. Mme sĠils existent et sont
graves, ces Ç exemples È restent heureusement trs rares ! La
dsinvolture, le je-mĠen-foutisme, lĠidologie sur la base Ç A bas
lĠEcole bourgeoise ! È ont
peu cours dans lĠenseignement, quoi quĠen pensent ses dtracteurs. Un chiffre
est tout lĠhonneur des professeurs dĠcole, celui du taux
dĠabsentisme : 5,7 %, soit lĠun des plus bas, toutes professions
confondues. CĠest pourtant lĠabsentisme Ç norme È, dixit
certains parents et autres archasants de tout poil, qui sert de premier indice
la Ç dgradation È de lĠenseignement. On travaille dans les
Ecoles de France et dĠOutre Mer. Le
professeur dĠ Ecole ne peut chapper ses lves : 37 semaines par an,
ils se connaissent, se supportent, sĠaiment et se dtestent. Rien
nĠest plus important que la dimension affective de lĠenseignement du premier degr parce que les enfants y sont dans leur plus jeune
age et que la tte de lĠenseignant ne change pas toutes les heures. Une classe
de maternelle, de CP ou de CM, cĠest aussi une ambiance de travail, de
confiance ou de dfiance, de sympathie ou dĠinimitis, dĠincomprhensions et de
complicits. Une anne scolaire est rythme par des exercices, certes, mais
AUSSI tisse de mille points de repres entre les gamins et leur matre(sse).
Il nĠ y a dĠailleurs rien de contradictoire entre cela et leur obsession
commune : apprendre lire, crire et compter. Jean
Pierre Chevnement en son temps, Gilles de Robien plus rcemment, nĠont rien
invent. Ils ont formul, plus ou moins adroitement, lĠune des hantises du
Professeur dĠcole, comme me lĠa dit spontanment cette Institutrice (32 ans)
landaise : Ç Faire classe, cĠest apprendre lire È.
Hlas on raconte, ici et l, que les Professeurs dĠcole ont perdu de vue cet
objectif en laissant de cot les apprentissages fondamentaux. Or, TOUTES
les tudes prouvent que les matres passent leur temps, bien au-del des
horaires officiels, faire du Franais et du Calcul et, plus prcisment, de
la lecture et des oprations. Il est nanmoins tout aussi
incontestable que, comme de tout temps, certains professeurs sĠen sortent plus
ou moins bien. Isol dans sa classe, lĠenseignant a trop souvent tendance
se Ç couper du monde È. Il ne peut pourtant sĠabstraire,
contrairement ce quĠaffirme Jean Paul Brighelli par exemple, de
lĠenvironnement de son tablissement.
Ç Faire classe È, cĠest aussi comprendre pourquoi Mathieu ne
desserre plus les dents depuis 15 jours, pleure prs de la fentre et sĠisole
en rcration. CĠest veiller ce que Julie, dont les parents viennent de
divorcer, quitte bien lĠcole avec son pre (ou avec sa mre) qui en a la
garde. (Se tromper par ignorance peut vous valoir la visite de la Police et des
ennuis trs graves, en maternelle en tout cas !). CĠest surveiller les
rsultas de Mohammed, inexplicablement en chute libre ce trimestre ; cĠest
prendre le temps dĠexpliquer au pre de Nassira que les filles ne sont pas
irrmdiablement voues au mariage lĠage de 11 ans ; cĠest se demander
pourquoi Olivier refuse dĠter son anorak avant de sĠapercevoir quĠil a les
bras marqus de traces de brlures de cigarettes ; en collge, sĠisoler du
monde extrieur, sanctuariser lĠextrme lĠEcole dans son ensemble, cĠ est ne
pas savoir entendre lĠadolescente panique qui demande son professeur ce quĠ
elle doit faire aprs sa premire nuit passe sans protection avec son petit
copain. (JĠai personnellement vcu cette situation dĠcoute dlicate).
Si nous, les enseignants, ne savons pas nous pencher sur ces cas, qui le
fera ? LĠ Ecole est aux prises avec des conflits qui ne lĠpargnent pas. Les tablissements scolaires ne sont pas des Ambassades qui bnficieraient dĠune situation dĠexterritorialit. Ils forment une entit, encore trop souvent un monde clos, qui ne peut rester sourd aux chos qui lui parviennent de lĠextrieur. 9
-MORCEAUX
CHOISIS Les extraits suivants proviennent tous des Dossiers Documentaires, Numro spcial de Mars 1966 consacr lĠexpression orale et crite. Ils prouvent :
Aucun
texte nĠest postrieur 1966 ; le dernier date deÉ 1904 Suggestions mthodologiques : Ç LĠenfant de huit ans garde encore une certaine fracheur, une spontanit qui se manifestent volontiers dans ses premiers crits. Retrouvez le onze ans, il nĠest capable, le plus souvent, que dĠcrire dix lignes cohrentes de banalits impersonnelles È F. Ters, Education Europenne Numro 34, novembre-dcembre 1964 Ç A voir les rsultats quĠil donne souvent, en particulier lĠexamen du Certificat dĠtudes, on considre volontiers lĠenseignement du franais lĠcole primaire comme un enseignement dcevant, quand il sĠagit de lĠexpression crite des ides. Les
Instructions Officielles elles-mmes portent la marque de lĠinquitude que
soulve la mdiocrit des rsultats gnraux dans le domaine de la rdaction.
LĠinsuccs relatif de cet enseignement est un fait ; les efforts des
matres ne sont pas rcompenss È R. Brandicourt, LĠEnseignement
du franais Ç On ne saurait trop y insister : ce nĠest pas le seul professeur de franais, ce sont les professeurs de toutes les disciplines qui ont exercer un contrle attentif sur les mots et les tours dont use lĠlve en parlant et en crivant È P. Clarac, LĠEnseignement du franais, PUF Ces conseils nous sont donns, presque mot pour mot, chaque rentre scolaire par nos Chefs dĠtablissement, comme celui qui suit : Ç Il
nĠy a pas de sujets nobles et de sujets vulgaires, tout sujet est bon pourvu
que les enfants en parlent avec chaleur. Pourquoi, dĠailleurs, ne pas exploiter
leurs connaissances dans dĠautres matires ? Nous pouvons puiser largement dans la riche substance que nous offrent lĠhistoire, la gographie, les sciences naturelles, lĠtude du milieu. NĠest ce pas le moyen de remdier cette pauvret de vocabulaire qui nous dsole chez nos enfants ? È LĠEducation Nationale, Numro 19, 21 mai 1964 La
langue parle/Importance de la parole Ç Nos enfants ne savent plus parler. Tout le monde en est dĠaccord. Il faut leur apprendre cet art. È La Voix des Parents, Fvrier 1957 Pdagogie de lĠlocution Ç LĠimpratif de lĠducation, ce nĠest pas le silence, mais lĠattention, et celle-ci est de meilleure qualit lorsque les enfants prennent une part active au travail commun, parlent, questionnent, rpondent. Cette activit ne va pas sans agitation ; il ne faut pas sĠen effrayer au point dĠexiger des bouches closes et des bras croiss. Il nĠest pas vrai que le silence et lĠimmobilit soient les conditions de lĠattention, ce sont les conditions du sommeil. Il faut dtruire cette foi aveugle dans la vertu du silence, si prjudiciable, en particulier, au perfectionnement du langage enfantin È G. Villard, LĠExpression orale lĠcole primaire, Bourrelier 1960 Pdagogie de la rdaction Ç Pourquoi tant de cours et de discours, surtout dans les petites classes ? Au lieu dĠexiger des enfants quĠils coutent ou feignent dĠcouter, mettons les au travail. Apprenons leur de bonne heure regarder le monde qui les entoure et dcrire dans une relation sincre ce quĠils auront su voir È. P. Clarac, LĠEnseignement du franais, PUF Pdagogie
de la correction Ç Calculez lĠobstacle de faon que lĠenfant puisse le franchir ; et ne soulignez pas dĠabord toutes les fautes. Peut tre faudra t il louer ce qui est bien et ngliger le reste, nĠen point parler. (É). Il faudrait apprendre se tromper aussi de bonne humeur. Les gens nĠaiment pas penser ; cĠest quĠils ont peur de se tromper. Penser, cĠest aller dĠerreur en erreur È. Alain, Propos sur lĠEducation, XXXII, PUF Ç Oui,
cĠest lĠenfant quĠil faut corriger, non la copie. Avec notre systme de
corriger toutes les fautes dĠune copie, la copie devient pour vous une fin. La
copie vous cache lĠenfant. Au lieu de chercher en elle un dfaut de lĠenfant et
de rflchir aux moyens de corriger cet enfant de ce dfaut, vous couvrez cette
copie dĠencre rouge. LĠenfant sĠen moque et il a raison È. J.
Payot, Les ides de M Bourru, Colin 1904
10
- ET
APRES LE BAC ? La jeunesse de notre pays, dans sa grande majorit, a perdu confiance en lĠavenir et le progrs social. Les manifestations anti CPE sont rvlatrices du malaise dĠune jeunesse incomprise, peu soutenue et craintive devant un systme de formation inefficace et ingalitaire. LĠascenseur social est Ç au mieux È en panne, au pire bloqu sur sa fonction Ç descente È ! Quant aux formations, elles sont souvent inadaptes Tour dĠhorizon en quelques chiffres : -
2004 : 60% des Franais
se dclarent confiants dans leur propre avenir, mais ils ne sont que 34%
lĠtre pour leurs enfants -
1975 : 70% des bacheliers
sont assurs de devenir cadres. Ils sont 25% dans le mme cas en 2006 -
Entre 1975 et 2000, lĠage
moyen de fin dĠtudes a augment de trois ans. LĠimmense majorit des jeunes
entre mieux arme quĠauparavant sur le march du travail -
Pour autant, 160 000
jeunes quittent lĠcole sans aucun diplme du second cycle (BEP/CAP/BAC). -
Parmi eux, 1/3 (soit 8% dĠune
gnration) ne peut se prvaloir dĠaucune qualification. Ces jeunes (mais
pas seulement eux) sont videmment les premires victimes de la prcarisation
et du chmage. -
LĠingalit lie au diplme
est particulirement discriminante en France. 5 10 ans aprs la fin de
leurs tudes, 30% des non diplms sont chmeurs (17% pour les peu
diplms ; 6% pour les BAC + É) La France a Ç oubli È dĠaccompagner sa jeunesse. CĠest criant lĠUniversit o notre pays investit quatre fois moins que sur ses lycens. La Suisse, le Danemark, les Etats-Unis, la Norvge, le Royaume-Uni font de leur enseignement suprieur universitaire une priorit. En outre et enfin, nos
jeunes investissent en masse, au nom de la sacro-sainte libert de choix
universitaire, des filires parfaitement inadaptes aux besoins de lĠconomie, filires sduisantes certes, mais qui sont donc
autant de culs-de-sac pour ceux qui sĠy inscrivent. Citons entre autres la
psychologie, la sociologie, lĠhistoire de lĠart ou le
sport (STAPS). CĠest le refus de toute
Ç orientation È lĠentre de lĠUniversit qui autorise ces choix,
catastrophiques la plupart du temps pour les tudiants et, terme, pour la
France. LĠun
des enjeux majeurs de la Nation sera dĠinvestir sur sa jeunesse pour remporter
la grande bataille du savoir. Ce sont des dcisions politiques courageuses et
contre-courant de ce qui prvaut depuis des dcennies qui permettront la
victoire. LĠEcole
nĠest pas sous lĠinfluence, comme certains auteurs veulent nous en persuader,
des pdagogues. JĠespre lĠavoir ici dmontr. Pour autant, aprs un tat des
lieux, il convient de proposer quelques unes des pistes emprunter de manire
urgente pour amliorer lĠEcole II- Quelques pistes pour amliorer lĠEcole (Le mot Ç Ecole È
recouvre plus particulirement ici la maternelle, lĠcole primaire
et le collge. A un degr moindre le lyce et trs peu lĠuniversit ou
les grandes coles) 1-
Peut on diminuer les ingalits sociales lĠcole ? : DĠaprs les recherches de Marie Duru-Bellat
(Professeur, Institut de Recherche sur lĠEducation/IREDU-CNRS Universit de Bourgogne) Cette question nĠa de sens
que si elle est rapporte aux objectifs que la socit fixe lĠcole : - sĠagit il dĠintgrer les jeunes gnrations pour une socialisation commune et une culture partage ? - sĠagit il de les doter de formations leur permettant de sĠinsrer dans les places ingales de la socit ? Historiquement, lĠcole a longtemps eu une fonction Ç intgrative È. Les transformations conomiques ont donn plus de poids cette autre fonction, former pour des places ingales. Ceci modifie fondamentalement la manire dont se pose la question des ingalits. Si, face des objectifs communs, la vise dĠgalit sĠimpose, il en va tout autrement si cĠest lĠutilit des formations qui prime. Dans une telle perspective, lĠcole produit des hirarchies, des ingalits, mme si, mritocratie oblige, elle doit le faire de manire juste.
Les ingalits sociales de Ç carrire scolaire È sont trs fortes en France. Parmi les enfants entrs en 6me en 1989, 85% des enfants dĠenseignants ont obtenu un Baccalaurat gnral ou technologique contre 23% dĠenfants dĠinactifs, sachant en outre quĠil ne sĠagit pas des mmes Baccalaurats. Ces ingalits sont videmment dj en germe lĠentre de lĠEcole maternelle. Rien de surprenant dans ces chiffres pour une socit dont les familles sont ingales, donc ingal lĠenvironnement dans lequel se dveloppent les enfants. Or ds la premire heure, on le sait sans toujours vouloir se lĠavouer, le dveloppement culturel de lĠenfant est SOCIAL, avec pour consquence que les pratiques ducatives parentales exercent une trs forte influence. Ces Ç socialisations diffrencies È entranent immanquablement une ingale prparation des enfants ce quĠexige lĠEcole et des ingalits de dveloppement dans le domaine des connaissances et des comptences. (Voir J Lautrey, Classe sociale, milieu familial, intelligence, Paris, PUF, 2002) LĠEcole maternelle pourtant sĠavre bnfique pour TOUS les enfants, quel que soit le milieu social. Vient ensuite le primaire o le caractre cumulatif des apprentissages est trs net. Mme si lĠeffet spcifique du milieu social sĠavre tnu sur les progressions, lĠchelle dĠune anne scolaire, il est intgr au Ç niveau È de lĠlve, niveau qui sera lĠingrdient principal, voire unique, de la progression et de ses consquences par la suite. Lors du passage dans le
secondaire (entre en 6me), lĠaccumulation des ingalits
sĠacclre et pse de plus de poids. Les lves initialement les meilleurs
et/ou de milieu social favoriss tirent le meilleur profit des annes de
primaire et de la 1re anne de secondaire. On a constat
quĠen deux ans (5me/4me surtout), autant dĠingalits
Ç socio/scolaires È se crent que pendant TOUTE la scolarit primaire.
A partir du secondaire sĠajoutent
les possibilits de choix dĠoptions ou dĠorientation. Les enfants des milieux
populaires visent Ç forcment È moins haut que leurs camarades de milieux favoriss, y compris
niveau scolaire gal. Ils se rallient aux conseils, souvent plus prudents, de
leurs enseignants. En fait, ils sĠ Ç auto slectionnent È. Au total,
il est aujourdĠhui dmontr que les ingalits sociales de carrire scolaire
sĠexpliquent pour une part quivalente : - par
les ingalits de russite acadmique - par
les ingalits de choix scolaires et dĠorientation Les familles se mobilisent par rapport lĠcole. Les objectifs poursuivis dpassent la scolarit immdiate pour inclure une vise dĠinsertion sociale. Il faut donner son enfant ce que les autres nĠont pas afin de le placer au mieux dans la comptition scolaire. Donc non seulement, comme nous lĠavons vu auparavant, les ingalits sociales sĠinvitent ds le CP mais encore elles interviennent dans la capacit ingale des familles faire prvaloir leur stratgie dĠoptimisation dans la carrire scolaire de leur enfant.
Mais la russite acadmique et le
droulement de la carrire scolaire prennent place dans un contexte, un
systme, un tablissement, une classe. Or la qualit de ce contexte est
variable : on progresse mieux avec certains matres, ou dans certains
tablissements, ou encore dans certains systmes scolaires. Ceci est
particulirement visible et valable pour les lves les plus en difficults
(souvent aussi de milieux dfavoriss). Amliorer lĠefficacit de
lĠcole, ds lors que ce sont les moins favoriss qui sont les plus sensibles
son influence, est donc une manire de rduire les ingalits entre lves et
aussi les ingalits sociales. On sait aussi que face des publics identiques, certains tablissements ou certains matres sĠavrent plus efficaces que dĠautres et on constate aussi quĠen moyenne, les lves de milieux populaires frquentent les contextes les moins efficaces, o se concentrent les enseignants les moins expriments, face un public Ç difficile È. LĠenseignant est alors tent de sĠadapter en abaissant le seuil de ses exigences. (Voir A Van Zanten, LĠ Ecole de la Priphrie, PUF 2001). De fait, on progresse videmment moins dans ces tablissements. Les consquences sont doubles : - les familles les mieux informes peroivent ces ingalits entre contexte et vont rechercher pour leurs enfants les contextes les plus efficaces - une part de lĠavantage dont bnficient les enfants de milieu favoris ne sĠexplique pas par des facteurs individuels mais par le fait quĠils frquentent des contextes scolaires plus propices la russite. Enfin, le fonctionnement mme des classes fabrique et reproduit certaines ingalits sociales (Voir F Dubet et M Duru-Bellat, QuĠest ce quĠune Ecole juste ? Revue Franaise de Pdagogie, Numro 246, p 105 115, 2004). LĠenseignant est un acteur social comme les autres. Il aborde les lves avec des reprsentations sociales qui lĠincitent tre plus ambitieux avec les lves appartenant des milieux o la russite scolaire apparat comme une vidence. Quant lĠinstitution Ç Ecole È, elle fonctionne comme une microsocit, sans chapper aux reprsentations qui sous-tendent et entretiennent les rapports sociaux. Mais la porte de ce qui sĠy passe : - est limite en amont car elle reoit des lves de fait ingaux - est limite en aval parce quĠelle est instrumentalise par des acteurs qui lĠutilisent au mieux de leurs intrts, tout cela pour des fins qui la dpassent
Les familles sont impliques dans lĠducation de lĠenfant. Donc, tout un pan de la lutte contre les ingalits sociales passe par une Ç formation È des parents. Ces programmes de formation existent dj en Belgique et au Canada o ils ne sont pas dpourvus dĠeffets mais dont la lourdeur oblige des actions trs cibles sur les familles en trs grandes difficults, du mme coup stigmatises. On peut leur prfrer le dveloppement de structures ducatives de garde pour trs jeunes enfants (et parents) en difficults, sans esprer pour autant sĠattaquer aux conditions matrielles de vie de ces familles, conditions matrielles qui affectent aussi la scolarit des enfants. La priorit est de lutter directement contre les ingalits sociales plutt que de les attaquer indirectement par le biais de lĠcole. La Sude a rduit POLITIQUEMENT les ingalits face au risque conomique par des politiques varies et de long terme. Faut il alors conclure que la rduction des ingalits sociales lĠcole ne peut venir que de politiques sociales gnrales de lutte contre la pauvret, de lĠemploi ou de la ville ? Les comparaisons historiques et internationales invitent des rponses plus nuances.
De prime abord, la voie la plus efficace pour dmocratiser les carrires scolaires serait dĠouvrir lĠaccs lĠducation, de rduire la slectivit des cursus. En France, la dmocratisation est purement Ç mcanique È : - tous les lves entrent en 6me - pratiquement tous parviennent en 3me - les ingalits sont moins fortes en ce qui concerne lĠobtention dĠun Baccalaurat Ouvrir le systme dbouche donc sur une distribution moins ingalitaire de lĠducation et conduit plus de jeunes vers plus de savoirs. Mais lĠducation sert aussi se classer par rapport aux Ç concurrents È. Et au fur et mesure que les scolarits sĠallongent, les carts sociaux se dplacent plus avant en prenant par exemple la forme de lĠaccs telle ou telle filire ; cĠest la Ç dmocratisation sgrgative È (Voir P Merle, La Dmocratisation de lĠenseignement, Paris, La Dcouverte, 2002). En outre, si lĠexpansion des systmes ducatifs ne sĠaccompagne pas dĠun dplacement vers le haut de la pyramide des emplois, ce qui est donn dĠun cot (accs plus ouvert lĠducation) se paie de lĠautre par une moindre valeur des diplmes. LĠexamen des politiques dĠouverture montre donc bien quĠil nĠest pas ais, par cette voie, de rduire les ingalits. Celles-ci peuvent voluer sans que lĠcole se mobilise. Dans les annes 60/70 par exemple, les filles ont rattrap leur retard de scolarisation sur les garons parce que le march du travail offrait aux femmes (instruites) de relles opportunits alors quĠaucune politique scolaire spcifique nĠtait mise en place ce sujet. Mais rciproquement, lĠEcole peut mettre en place des politiques que les stratgies des acteurs vont mettre en chec. Est-ce dire quĠil nĠ y a rien attendre de rformes visant le cÏur du fonctionnement de lĠcole ?
La rponse est videmment et
heureusement ngative. On peut agir sur certaines caractristiques. Dans les
pays de lĠOCDE, lĠampleur des ingalits sociales est dĠautant plus forte quĠon
passe des systmes entirement indiffrencis (pays scandinaves ou asiatiques)
aux pays ayant conserv des filires distinctes ds 11, voire 10, ans
(Allemagne ; Luxembourg). Des politiques dĠallongement du tronc
commun ou le dveloppement des passerelles entre filires sont susceptibles
dĠattnuer les ingalits sociales. On sait aussi aujourdĠhui quĠune part importante de lĠavantage des jeunes de milieu favoris passe par lĠaccs des tablissements de meilleur qualit. Une politique visant rduire les ingalits sociales doit tablir une galisation de la qualit de lĠoffre pdagogique et des ressources entre tablissements ainsi quĠune uniformisation de leur public via une plus grande mixit sociale. Ceci requiert une discrimination positive rigoureuse pour que les ingalits scolaires ne viennent pas redoubler les ingalits sociales. CĠest nanmoins DANS LES CLASSES que se jouent les acquisitions des lves. Il est ncessaire de laisser lĠinitiative au terrain A CONDITION, via des programmes nationaux et des valuations standardises, de se prmunir des drives de lĠadaptation aux lves. Ceci est dĠautant plus vident quĠaucune tude ne dsigne aucune mthode comme dote dĠune efficacit pdagogique intrinsque. Il FAUT aller vers une attitude plus exprimentale o enseignants ET chercheurs concevront et valueront les effets prcis de tel dispositif sur tel public. Car contrairement aux MENSONGES des pamphltaires actuels, JAMAIS la recherche pdagogique nĠa trouv toute sa place dans lĠEcole et nĠa donc pu exercer la moindre influence. Etudions galement de trs prs le mode de groupement des lves et la mixit sociale dans les tablissements. Les familles aises, dont les enfants sont en gnral de bons lves, ont tout intrt tre Ç entre elles È dans des coles o le climat est propice aux tudes. Mais lĠexistence de ces coles produit invitablement des coles et/ou des classes la tonalit oppose. Or lĠhtrognit rduit extrmement peu le niveau de lĠlite en augmentant bien plus le niveau des plus faibles. LĠEtat devra trancher ces conflits dĠintrt en fonction de lĠ INTERET GENERAL, qui maximise les acquis moyens dĠune classe dĠage. Il ne sera pas ais, hlas, de convaincre les familles des enfants qui y perdront si peu que ce soitÉ La question de la rduction des ingalits socio-scolaires est fondamentalement POLITIQUE. Mais cela nĠassigne pas lĠimpuissance les acteurs qui font vivre lĠcole. A eux dĠaccepter lĠouverture, lĠauto critique, la modestie parfois 2-
La lutte
contre la violence lĠEcole : sommes nous condamns la dmagogie ? DĠaprs les recherches dĠEric Debarbieux (Professeur,
Directeur de lĠObservatoire International de la violence scolaire, Universit
Victor-Segalen Bordeaux II) La violence lĠcole est depuis les annes 90 en France un sujet politique. En parler sereinement est difficile et le sujet attire les diatribes antipdagogiques les plus fumeuses. LĠcole est soit une forteresse assige par les sauvages du quartier, soit le jouet des enseignants Ç soixante-huitards È et dĠun suppos laxisme tenant lieu dĠexplication universelle. Pourtant un savoir positif sĠest construit en France et lĠtranger propos de Ç ce qui marche È et de Ç ce qui ne marche pas È.
Commenons par tre srieux : ce qui a retenu lĠattention en France (et dans le monde) par lĠintermdiaire des mdias, ce sont les meurtres de masse survenus dans des coles amricaines, dont le tristement fameux Ç Massacre de Colombine È. On en conserve lĠide que ces meurtres ont t commis par des jeunes. Or il convient de rappeler que la plupart dĠentre eux taient le fait dĠadultes : - Priode 1964-2004 - 15 faits criminels (dont 5 aux Etats-Unis) - 177 morts - 128 de ces 177 victimes (70%) ont t tus par des adultes aux motivations trs diverses : terrorisme ; idologie sexiste ; dmence - A cela sĠajoute le massacre survenu en Russie en 2004 et dont le bilan exact nĠa jamais t publi. On parle de 250 enfants tus par des terroristes lors dĠun assaut des forces de lĠordre russes. Cette violence extrme est
heureusement marginale. En revanche, que ce soit en France, en Angleterre, en
Australie ou au Canada, toutes les recherches considrent que la violence
lĠcole est constitue de faits tnus, mais rptitifs et nerveusement
usants, du genre Ç incivilits È, Ç harclements È ou
Ç micro-violences È. (Denise
Gottfredson, une des meilleures spcialistes mondiales du problme, affirme
aprs enqutes que le vritable problme tient la haute frquence des
Ç victimisations mineures È ou Ç incivilits/indignities en
anglais). Nous sommes trs souvent la marge du dlit plus que
dans la dlinquance ouverte.
Le simplisme des analyses sur les causes de la violence lĠcole serait dĠun comique involontaire sĠil nĠtait souvent vomir. Deux exemples : - Ç La violence lĠcole a une cause : la dcadence pdagogique lie au laxisme spontaniste des pdagogies nouvelles mais aussi des parents, ces parents qui furent lves en mai 68 et Ç salis È par sa luxure dbride sĠopposant lĠasctisme ncessaire la transmission des savoirs, causant une dfaite de la pense È. Risible ! - La mtaphore de lĠcole assige : la violence DANS lĠcole est rabattue sur la violence urbaine, violence dĠintrusion, ce qui appelle une stratgie dĠenfermement de lĠcole dans ses murs afin de la protger des Ç sauvageons È de quartiers. Affligeant ! Le problme est que cĠest beaucoup moins simpliste que cela. La violence dĠintrusion reprsente 2,84% (Chiffre Ministre Education Nationale) de la totalit des faits recenss. (Allons jusquĠ 5% si lĠon ajoute les faits avrs mais non dclars). La violence lĠcole est spcifique ce lieu, elle nĠest pas assimilable une simple violence urbaine. Les rsultats de toutes les tudes ce sujet sont trs clairs : - aucun facteur pris isolment nĠest lui seul explicatif - la Ç violence È juvnile nĠest pas le rsultat dĠun processus biologique ni dĠun processus de socialisation, fut il familial (Voir L Fortin et M Bigras, Les facteurs de risque et les programmes de prvention auprs dĠenfants en troubles de comportement, Qubec, Behaviora Eastman 1996) En fait, cĠest la combinaison de certains facteurs de risques qui peut expliquer ce que lĠon appelle la Ç violence juvnile È. LĠtude la plus srieuse ce sujet est sans contestation The Cambridge Study in Delinquent Development, Farrington 1997. Celle ci dmontre que le pourcentage des jeunes mis en cause pour crime violent passe de 3% de jeunes sans facteurs de risques 31% de ceux qui combinent les quatre facteurs de risque suivants : - Bas
statut social de la famille - Famille
nombreuse - Faible
coefficient intellectuel - Socialisation
familiale dfectueuse La recherche a galement dmontr clairement que les rsultats taient diffrents suivant les coles et le Ç climat scolaire È. (E Debarbieux, La violence en milieu scolaire-1, Paris, ESF 1996). La pdagogie pratique (style coopratif) et le style de gestion de la Direction (participatif) sont des facteurs de protection bien identifis. Enfin la recherche la plus
impressionnante est celle de Christine Eith, professeur lĠUniversit du
Delaware (USA). Son chantillon de travail tait de 7203 lves, ce qui est
exceptionnel. Les rsultats de son tude sont trs clairs : lĠexistence
des classes de niveau (les Ç Ability Grouping È) est un facteur
majeur de risques, deux fois plus explicatif que la monoparentalit par
exemple. La sgrgation scolaire est LE danger rel.
Ce qui ne marche pas, cĠest
le traitement Ç extrieur È de la violence scolaire : - La protection matrielle des sites scolaires peut tre ncessaire lorsque les problmes dĠintrusion deviennent importants, lorsque toutes les autres solutions ont chou. Mais elle ne traitera jamais en profondeur le problme. Pire mme : elle crera un Ç effet cible È sur lĠcole Ç protge È conue alors comme une ennemie avec pour corollaire les violences anti-scolaires : dgradations, agressions contre les biens du personnel, agressions physiquesÉ - La simple prsence de la Police ne suffit videmment pas surtout lorsquĠil sĠagit de fouilles de cartables et autres mesures aussi spectaculaires quĠinefficaces. Quant aux apports de la technologie de surveillance (camras), pourquoi pas mais elles ne constituent pas la panace Deux tudes, amricaines (USA), ont montr ce qui marchait et ce qui ne marchait pas en terme de lutte contre la violence scolaire. Ces tudes ont pour avantage de porter sur un trs grand nombre de cas : - Travail compil et traitement de 221 tudes prcdentes : les programmes dvelopps ont montr que sur les 15% des lves engags dans une bagarre, 8% ne rcidivaient jamais aprs application dĠ un des programmes ci aprs - Une autre tude, compil aprs examen minutieux de 83 tudes a prcis lĠ efficacit des programmes ci aprs : Interventions
centres sur lĠenvironnement : Interventions sur lĠcole et
la gestion de la discipline : Fonctionne
dans tous les cas suivants : Crime/Abus de substances/Comportement
agressif/Dcrochage et absentisme Interventions pour tablir des normes ou des attentes : IDEM Gestion de la classe : Fonctionne en cas de crime/Abus de substance/Dcrochage et absentisme Rorganisation des classes : Fonctionne en cas de Comportement agressif/Dcrochage et absentisme Interventions
centres sur les individus : Entranement au self-control utilisant des mthodes cognitivo-comportementales : Fonctionne dans tous les cas Entranement au self control ou la comptence sociale sans mthodes cognitivo-comportementales : Ne fonctionne pas Interventions cognitivo-comportementales pour modification du comportement : Fonctionne dans les cas de Comportement agressif/Dcrochage et absentisme Conseils, dialogues, travail social et autres interventions thrapeutiques : Ne fonctionne pas Tutorat et soutien scolaire : Fonctionne en cas de Comportement agressif/Dcrochage et absentisme Service communautaire et activits de loisir : Ne fonctionne pas ; prometteur en cas de dcrochage et absentisme Denise C. Gottfredson, immense chercheuse amricaine reconnue partout pour la qualit de ses travaux, affirme :
Ç Les coles dans
laquelle le corps enseignant et lĠadministration communiquent et travaillent
ensemble pour planifier le changement et rsoudre les problmes ont des
enseignants avec un meilleur moral et ptissent de moins de dsordre. (É) Les coles dans lesquelles
les lves peroivent des rgles claires, des actions valorisantes et des
sanctions sans ambiguts bnficient galement de moins dĠindisciplines. Les coles gouvernes par
un systme de valeurs partages et dĠattentes quant au comportement, dans
lesquelles des interactions sociales profondes sĠtablissent et dans lesquelles
les lves dveloppent un fort sentiment dĠappartenance, ont lĠimpression que
les adultes se soucient dĠeux, bnficient galement de moins de
dsordre. È (Voir
Gottfredson, P 71, in Sherman et Al., Evidence-based Crime Prevention,
London and New York Routledge 2002) Hlas lĠopinion franaise et les
responsables politiques doutent encore trop de lĠefficacit des programmes de
prvention. Pourtant TOUTES les recherches et leurs APPLICATIONS sur le
terrain ont dmontr et dmontrent leur force. Elles sont fondes sur
lĠencouragement et non sur la rpression, ce qui ne signifie en aucun cas le
laxisme. Les stratgies purement behavioristes (style Ç camp de
redressement È) nĠont aucun effet. En revanche, dans les cas les plus
Ç lourds È, un encadrement strict (militaire ou autre, l nĠest pas
le problme) ACCOMPAGNE dĠun travail ducatif et culturel avec projet porte
TOUJOURS des fruits.
Il serait bon que les Politiques offrent les moyens aux chercheurs ET aux enseignants, ainsi quĠaux institutions associes, pour que ces programmes ne soient plus seulement des expriences ou des Ç objets È de recherches universitaires. Citons Egide Royer lors de la premire confrence mondiale sur la violence lĠcole (Voir citation dans E Debarbieux et C Blaya, Violences lĠcole et Politiques publiques, Paris, ESF 2001) Ç Nous savons normment
de choses sur la violence lĠcole et sur les conditions dĠefficacit des programmes, mais la redescente de
ces informations sur le terrain nĠa pas suivi la monte du problme. CĠest
dĠabord une question de formation des enseignants, mais sans doute aussi de
socialisation professionnelle. Il ne sĠagit pas de trouver des programmes
efficacesÉmais de les accepter. ÈÉpuis de les appliquer ! (Note de
lĠauteur) Ces problmes de comportement et la recherche de leurs solutions ne doivent pas tre considrs comme une charge supplmentaire au travail des enseignants mais comme une partie intgrante de celui-ci. Ceci implique des changements de perspectives dans la dfinition des charges dĠenseignement, dans la formation des enseignants, dans lĠaide aux enseignants, dans lĠvaluation des enseignants. Une telle redfinition de la politique de la formation se heurte souvent : - lĠirresponsabilit des lus/dcideurs - aux syndicats - une partie des enseignants eux-mmes - aux anti pdagogistes La simple existence dĠune formation des enseignants du secondaire hors de la discipline qui les dfinit (Franais/Maths/Langues/Etc.) est sans cesse remise en cause. En fait, dans la plupart des lieux de formation des enseignants, on apprend surtout ne pas travailler en quipe et ne pas prendre au srieux la pdagogie. Le combat contre la violence lĠcole est aussi un combat politique, un combat contre la dmagogie. 3-
Quand les
parents choisissent lĠEcole.
DĠaprs les recherches de Christian Maroy, Professeur, GIRSEF (Groupe inter
facultaire de recherche sur les systmes dĠducation et de formation),
Universit de Louvain, Belgique Rappelons tout dĠabord que la France a adopt une Ç carte scolaire È, c'est--dire que le lieu de rsidence de lĠlve dfinit lĠcole publique dans laquelle il va tre scolaris. En Belgique, le choix est laiss aux parents ET aux tablissements. Mais depuis une dcennie, les politiques ducatives de nombreux pays voluent : - Australie ; Angleterre ; Nouvelle Zlande : des logiques de Ç quasi marchs È se substituent lĠencadrement de lĠEtat - France ; Portugal ; Finlande ; Sude : Assouplissement des politiques de Ç zonages È ou de Ç sectorisations È. Des auteurs et politiciens no libraux ont donc promu un rgime de Ç quasi marchs È qui combine le libre choix avec davantage dĠautonomie des tablissements scolaires et un financement public li au nombre dĠlves. Les effets positifs supposs de ce Ç march scolaire È sont largement discuts aujourdĠhui : - Tous les Ç consommateurs dĠcole È sont loin dĠtre gaux - Le libre choix favorise principalement les classes moyennes - Ce systme substitue la valorisation dĠune ducation humaniste et galitaire la promotion de la rationalit instrumentale et de la comptition. - Le Ç march È accentue la sgrgation scolaire et la hirarchisation des coles
La promotion du libre choix comme facteur dĠamlioration du systme scolaire a particulirement t dfendue par Chubb et Moe ds 1980 (Repris dans Education, Culture Economy, Society Oxford University Press 1997). Leur argumentation se rsume en trois points - Il
faut changer le systme institutionnel de Ç contrle È des coles
pour promouvoir des pratiques favorables lĠefficacit - Si
les coles (amricaines) sont de qualit Ç moyenne È, cĠest en raison
dĠun systme de rgulation fond sur un contrle politique et bureaucratique
qui limite leur autonomie. Il en rsulterait u manque de cohrence dans les
buts atteindre, un faible leadership des directions - A
lĠoppos, le systme fond sur le march favoriserait lĠmergence de
caractristiques pdagogiques favorables lĠefficacit scolaire. Dans un tel
systme, les coles disposeraient dĠune autonomie tout en tant indirectement
contrles par la socit via le march. Chubb et Moe appuient leur thorie sur une comparaison Ecoles Publiques/Ecoles Prives (aux Etats-Unis). Les meilleurs rsultats de ces dernires seraient lis une autonomie plus grande, un moindre contrle politique, une rgulation du march. Les effets positifs de la mise en place dĠun systme de march vont tre trs largement controverss au fur et mesure que les politiques publiques les dvelopperont fin 1980, surtout dans les pays anglo-saxons comme lĠAngleterre (1998), la Nouvelle-Zlande (1991) et lĠAustralie.
La premire critique du systme de Ç march È porte sur le choix de lĠcole : seules certaines familles sont en mesure dĠexercer ce choix. Celui-ci est trs largement sous-tendu par les conditions matrielles et culturelles dans lesquelles vivent les familles. On distingue deux groupes : - Les parents issus des classes populaires, impliqus dans un cheveau de contraintes matrielles et culturelles (Travail/Distance perue de lĠcole/Organisation familiale) qui aboutissent des Ç choix È locaux - Les parents des classes moyennes, plus libres de ces contraintes, sĠengagent dans le march scolaire de manire stratgique, prenant en compte un horizon plus long et davantage de considrations ducatives. La promotion du
Ç march È en matire scolaire est bien une politique de classe. (Voir les recherches dĠAgns Van Zanten ce sujet et S Gewirtz, J Ball et R Bowe, Markets, Choice and Equity in Education, Buckingham and Philadelphia, Open University Press 1995) La seconde critique montre que les politiques favorisant le Ç march scolaire È affectent les valeurs et les conceptions ducatives des professionnels de lĠenseignement. Au sujet des chefs dĠtablissement, les Etats-Unis ont parfaitement identifi et tudi les manires de fonctionner des Ç Welfarist headmaster È et des Ç managers È. - Le Ç Welfarist È est le Fonctionnaire de lĠEtat, m par la recherche de lĠintrt gnral, une logique de dcision imprgne de valeurs professionnelles Ç humanistes È (Egalit des chances, Equit, Ç Care È), le respect des relations collectives de travail et des organisations syndicales, la coopration (participative) des enseignants et le fait dĠavoir t socialis aux valeurs spcifiques du champ de lĠducation - Le Ç Manager È est orient par la Ç satisfaction du client È. Leurs dcisions sont prises en fonction dĠune recherche dĠefficacit. Ils valorisent les relations professionnelles individuelles et les techniques de gestion de ressources humaines. Ils sont plutt directifs (relativement sourds au dialogue). Enfin ils valorisent la comptition et ont t socialiss aux valeurs du Ç management È plutt quĠ celles du champ scolaire. Dans TOUS les cas tudis par S. Gewirtz aux USA, la monte de la logique marchande et Ç managerielle È est sensible trs rapidement aprs lĠouverture de ces coles. Enfin, les proccupations professionnelles des enseignants dans ces tablissements entrent trs vite en conflit (larv et/ou ouvert) avec les attentes de Ç performativit È promues par les politiques scolaires no-librales. (Voir S.J. Ball, Journal of Education Policy, 2003) La troisime critique concerne lĠaggravation des risques de sgrgation scolaire. V Vandenberghe (Reflets et Perspectives de la Vie conomique, 1998) a dmontr (pour la Belgique) que plus la diversit de lĠoffre scolaire est importante, plus le choix accentue la sgrgation. En fait, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-Unis, lĠintroduction de politiques de Ç financement lĠlve È (Open enrolment) ou la publication (pour utilisation) dĠindicateurs de performance standardiss produisent des effets ngatifs et une spirale du dclin pour les coles peu favorises socialement et scolairement. Ces dernires perdent peu peu leurs lves les Ç meilleurs È, puis toute crdibilit. A lĠinverse les coles Ç favorises È le sont de plus en plus, jusquĠ filtrer leur clientle sur le plan ethnique. (Voir la trs probante tude de Lauder et Hugues, Trading in Futures. Why Markets in Education DonĠt Work, Buckingham and Philadelphia, Open University Press, 1999. Celle-ci parvient aux conclusions suivantes : - Le choix dĠaller hors de sa zone est plus frquent parmi les catgories les plus aises de cette zone - La sgrgation sociale entre coles sĠest accentue plus que ne le laissait prvoir la sgrgation rsidentielle.) CĠest la Belgique qui a le plus progress sur ce sujet. Les Ç politiques È travaillent sur la notion de Ç bassin scolaire È dans lesquels diffrents Ç rseaux dĠenseignement È publics et privs sĠaccorderaient sur diverses normes institutionnelles de fonctionnement (en matire dĠinscription ou dĠoffre scolaire) pour lutter contre la sgrgation et en faveur de lĠgalit et de lĠefficacit scolaire. Une instance inter rseaux de bassin scolaire dciderait de lĠcole laquelle lĠlve serait affect, en fonction des prfrences des parents, des places disponibles et des critres communment reconnus et accepts par tous les rseaux si lĠcole est Ç sur-demande È. 4-
Comment les enseignants et les lves font-ils pour vivre ensemble ? DĠaprs
les recherches dĠAnne Barrre, Professeur, PROFEOR (Interactions professions,
ducation et orientation), Universit Lille III La relation Professeur/Elve est CENTRALE dans la vie quotidienne de lĠinstitution scolaire. (Rappelons quĠun enfant scolaris passe plus de temps par jour avec ses professeurs quĠavec ses parents.) : - Pour lĠlve, tre bien trait et bien considr par lĠenseignant est une composante majeure de lĠexprience scolaire ; en mme temps, prouver lĠindiffrence ou le mpris enseignant est la fois banal et potentiellement redoutable. - Pour lĠenseignant, le contact avec les lves est dcrit comme la plus grande difficult ET comme une des plus grandes satisfactions du mtier. Des travaux rcents ont mis en miroir les deux cots de la relation pdagogique. (Voir Anne Barrre, Travailler lĠcole, Rennes, PUR, 2001). Cette recherche sĠest concentre - sur les transformations du cadre institutionnel des relations Professeur/Elve : - sur lĠimportance que prennent le verdict scolaire et lĠvaluation - sur les accords et tensions entre cultures scolaires et cultures juvniles.
Les relations entre enseignants et lves dans lĠespace scolaire ne peuvent se comprendre que dans leur cadre institutionnel, affect rcemment de deux grandes transformations : - la
massification, en allongeant le temps moyen de formation initiale, conduit les
lves frquenter les enseignants plus longtemps autour dĠenjeux importants,
le classement scolaire ayant un poids dcisif dans les trajectoires
ultrieures. - la remise en question dĠune distance et mme dĠune mfiance historiquement construites de lĠenfance et de lĠadolescence, dans lĠinstitution scolaire. Cette distance nĠa certes pas disparu mais sĠest affaiblie depuis les annes 1970 au fur et mesure que lĠcole tait considre comme un Ç lieu de vie È et que lĠadolescent tait mis au centre du systme, comme lĠindique la Loi dĠorientation de 1989. DĠune relation pdagogique dfinie par son impersonnalit, structure uniquement par le savoir et des normes de comportement bien plus que par lĠattention lĠenfant, on est pass la volont de voir lĠlve sĠpanouir et/ou sĠexprimer lĠcole tout autant que de le voir apprendre et obir. Pour enseigner : - il
faut comprendre, motiver, encourager et sanctionner lĠlve/LĠenseignant
doit LUI AUSSI se faire comprendre de lĠlve - il
faut connatre des lments de sa vie en dehors de lĠcole - il
faut rompre avec le cours magistral et encourager la participation et
lĠactivit des lves dans la classe, en particulier les inciter pratiquer
lĠ Ç criture rflchie È pour rompre le spontanisme des SMS ou des
Ç blogs È Elves et enseignants se dfient moins quĠauparavant des affinits ou de lĠaffectivit. Dans ses Mmoires, Simone de Beauvoir raconte comment, enseignante en lyce, elle avait adress un petit geste dĠamiti un lve, geste qui lui tait apparu totalement transgressif ! AujourdĠhui, le cadre de cette relation Enseignants/Enseigns sĠlargit lĠoccasion de voyages, de projets interdisciplinaires, de rencontres. CĠest l un but ducatif part entire dans les tablissements dont la communaut doit tre chaleureuse et Ç civique È. (Voir JL Derouet, Ecole et Justice, Mtaill 1992). Pourtant ce mouvement est moins fort en France quĠailleurs en Europe, notamment au Danemark et en Angleterre. Nanmoins les diffrentes tudes menes en France, par P. Rayou par exemple (La Cit des Lycens, LĠHarmattan, Paris 1999), notent une rticence des lves entrer trop personnellement dans le jeu scolaire, y compris dans la relation avec les adultes, sans doute pour prserver son quant--soi juvnile mais aussi, tout simplement, pour loigner du regard des adultes leurs amours, leurs amitis, leur manire de sĠhabillerÉ Quant aux enseignants, ils sĠinterrogent sur leur identit professionnelle quĠils dfinissent : - par opposition aux risque dĠtre transforms en Ç travailleurs sociaux È dans le cadre dĠune relation trop dgage des apprentissages - par esprit de protection face une trop grande affectivit relationnelle qui entrerait en tension avec les exigences de justice scolaire Mais pour la majorit des enseignants, il faut le dire, le cours satisfaisant est avant tout celui o les relations ont t paisibles et coopratives, au-del mme des rsultats probables.
Il est entendu que la relation Enseignants/Enseigns est conditionne par la russite scolaire des lves. Les Ç mauvais lves È manifestent une agressivit impuissante lĠencontre des professeurs qui nĠest en fait quĠune contestation impuissante de leur place scolaire, que cette contestation provienne de la mauvaise rputation de lĠtablissement ou du rang quĠils y occupent. De la contestation la violence, il nĠ y a quĠun pas comme le dmontrent de nombreuses recherches : la problmatique de lĠchec (au sens large) et celle de la violence (au sens large) sont intimement lies. Mme les phnomnes loigns des enjeux scolaires, comme le racket, sont plus frquents dans les classes de niveau et, videmment, dans les classes du niveau le plus Ç bas È. LĠvaluation scolaire est donc porteuse de tensions potentielles. Ce qui ne signifie en aucun cas quĠil faille la supprimer mais, lĠ aborder autrement, lĠ utiliser autrement, lĠ expliquer et la justifier seraient certainement une Çvaleur ajoute È, aussi bien pour les Ç bons È que pour les Ç mauvais È lves dĠailleurs. Au lieu de a, le Ç rabaissement scolaire È est encore trop souvent utilis : - passage au tableau vcu par le couple Prof/Elve comme un moment de punition, punition dĠautant plus humiliante pour lĠlve quĠil la vit devant ses pairs. - utilisation de sobriquets divers - rendu de copies classes en ordre dcroissant avec commentaires caractre vexatoire (Grand Ç classique È) - apprciations humiliantes dans les bulletins - confusions des registres entre jugement sur le travail et jugement sur la personne. (Voir lĠexcellent ouvrage de P Merle, LĠlve humili. LĠcole, un espace de non-droit ? Paris, PUF 2005) Le jugement scolaire est porteur dĠenjeux relationnels dĠautant plus dlicats quĠil est dni : - par lĠlve dĠabord, qui fait semblant dĠy tre indiffrent ou en rajoute dans lĠostentation de la Ç nullit È scolaire, mme si cette mise en scne cache quĠil se sent trs responsable de ses rsultats scolaires. - par
lĠenseignant ensuite qui trouve lĠlve trop consommateur, trop
Ç comptable È, calculant sa moyenne la dcimale prs, laissant de
cot des matires peu Ç rentables È au brevet ou au BAC. (Mais
les lves nĠont-ils pas t initis en amont depuis la 6me,
parfois avant, ces Ç savants È calculs ?). - Et le malentendu est son comble lorsquĠon sĠaperoit que les lves trouvent eux aussi les enseignants trop Ç instrumentaux È, leur reprochant de ne les juger quĠau travers de leurs notes et leurs rsultats gnraux. Donc en fait lĠlve en appelle au RESPECT MUTUEL, conu la fois comme un critre de justice et comme une manire de le reconnatre dans sa diffrence et son authenticit dĠadolescent. (Voir F Dubet, LĠEgalit et le Mrite dans lĠEcole Dmocratique, Anne sociologique 2000, Numro 50, Pages 383 409). Lorsque cĠest le cas, mauvaises performances scolaires et bonnes relations peuvent concider. LĠidal serait de placer sur le mme plan relations positives et exigences en termes dĠapprentissages.
Pour vivre ensemble, enseignants et lves doivent grer, dans les collges et lyces, lĠarrive dĠune culture juvnile de plus en plus lgitime, en phase avec des technologies et des rfrences propres un univers mdiatique qui se dveloppent indpendamment de lĠunivers scolaire. (Voir ce sujet D Pasquier, Cultures lycennes, revue AUTREMENT, 2005). LĠenfance est dĠabord crative et ludique ; lĠadolescence lĠest aussi, MAIS les aspects Çnergtiques et transgressifs sĠy ajoutent. Les Ç jeux È de langage des adolescents, obscnes et/ou provocateurs, en particulier sur les thmes les plus drangeants pour lĠinstitution (Ethnicit, sexualit et racisme/antismitisme) visent dranger les tabous adultes. Peu peu, ils deviennent un systme de communication avec ses codes, ses plaisanteries, ses fausses injures, ses automatismes langagiers. Par ailleurs, le Ç groupe adolescent È est le troisime larron de la relation pdagogique. Selon quĠil est opposant ou adhrent lĠcole, il exclura, dans le premier cas le Ç collaborateur È, dans le second le Ç nul È. Au milieu de tout cela , lĠenseignant, souvent critique des mdias, rtif lĠphmre des modes, soucieux dĠun langage normalis jugent les lves incapables dĠopinion personnelle, c'est--dire dans la dfinition lgitime de lĠinstitution, claire par des connaissances et des Ç bons È auteurs. Pourtant certains professeurs nĠhsitent pas jouer de ces codes en feignant de sĠapproprier les codes juvniles pour rduire les distances et amener une classe sĠinvestir dans des conventions plus classiques. Ils parlent souvent de ce travail de motivation o il sĠagit dĠexploiter des lments proches de la culture juvnile : films, textes de chansons par exemple. La chose nĠest pas facile car trs rapidement montre du doigt par les collgues, dnonce par les Ç traditionalistes È, caricature par les mdias. Or une pdagogie dmocratisante ne doit elle pas passer par lĠutilisation des supports quotidiens de la jeunesse pour les amener vers autre chose videmment, pour dvelopper leur esprit critique, bref pour peu peu les inciter partager dĠautres supports dont ils sauront apprcier les qualits et les dfauts ? Amener ses lves apprcier Villon, Hugo ou Aragon en passant par des textes de rap est il dvalorisant pour un professeur ? Evidement pas. En rendant impraticables les Ç bonnes relations È, lĠenseignant doit alors faire face une multiplication dĠincidents qui le coupent dĠune source importante de satisfaction et de motivation professionnelles en mme temps quĠelle hypothque le cÏur de la transmission pdagogique. Trois comptences relationnelles apparaissent aujourdĠhui fondamentales pour lĠenseignant : - la capacit dĠinterprter les langages et codes de conduite des adolescents. (ce qui nĠempche nullement de les corriger) - le tact qui permet de comprendre le contexte exact du jugement scolaire que lĠon porte 5- Les quatre conditions pour la matrise dĠun socle
commun par tous. DĠaprs les travaux
de Claude Thlot, Conseiller
matre la Cour des Comptes, ancien Prsident de la Commission du dbat sur
lĠavenir de lĠcole Le
travail de Claude Thlot et de son quipe tant bien connu, je me contenterai
dĠen rappeler ici les grandes orientations. Il est souhaitable que les
prconisations de cette Commission puissent tre approfondies pour une mise en
place progressive, mais rapide. LĠide de socle commun nĠest pas
nouvelle mais la Commission prside par Claude Thlot, la demande de Jean
Pierre Raffarin, lĠavait mise au centre de ses proccupations en insistant sur
la ncessaire matrise par TOUS les lves dĠun Ç socle commun de
connaissances, de comptences et des rgles de comportements indispensables È.
CĠtait et cela reste une noble et grande ambition (La nouvelle Loi vote en 2005 par le Parlement franais dispose dans son article 9 de ce que le socle doit contenir). Rappelons dĠabord les 8 programmes dĠactions dfinis dans le Ç rapport Thlot È pour permettre la russite de tous les lves : - La
scolarit obligatoire : chaque lve devra matriser le socle commun des
indispensables pour trouver la voie de sa russite - Repenser
la dfinition et lĠquilibre des voies de formation au lyce - Aider
les lves construire un projet clair et le respecter le mieux possible. - Favoriser
la mixit sociale sur tout le territoire - Renforcer
la capacit dĠactions et la responsabilit des tablissements scolaires - Redfinir
le mtier dĠenseignant (Suivi des lves/Relations avec les parents/Travail en
quipesÉ) - Construire
une ducation concerte avec les parents - Former
avec des partenaires (les communes ; les services mdicaux et
sociaux ; les entreprises, les associations) Quatre conditions sont absolument ncessaires la matrise du socle commun : 1- Dfinir un socle oprationnel : pour le moment, cette dfinition nĠexiste pas car le Ministre de lĠEducation Nationale semble craindre les ractions des reprsentants des matires qui nĠen feraient pas partie (sur la base dĠailleurs dĠun malentendu dramatiquement stupide et dommageable) 2- Mettre en Ïuvre une personnalisation des apprentissages :
Chaque lve devrait pouvoir progresser de faon diffrencie,
personnalise. Or pour cela il faut revoir la formation des enseignants de
manire profonde. Pour le moment, rien nĠest fait car non prvu par la Loi 3- Diversifier fortement les moyens dĠenseignement au sein des coles primaires et des collges : Il faut OFFICIELLEMENT reconnatre que la russite ducative est diversement difficile atteindre selon lĠenvironnement des coles et des collges. Il faut donc mettre en place une trs forte diversification qualitative et quantitative des moyens dĠenseignement. 4- Etablir les conditions de passage dĠun cycle lĠautre : Seuls les lves matrisant les comptences et savoirs du socle commun intgreront le CYCLE suivant. Cette condition devra tre annonce et rpte ds les rentres successives composant chaque cycle : Primaire/Secondaire (Collge/Lyce). Ces avertissements ne seront efficaces quĠ la condition dĠtre accompagns de diagnostics individuels permettant de passer trs rapidement aux remdiations ncessaires. Pour cela, il faudra former les enseignants et leur donner des moyens dĠactions. Pour
rappel : ces quatre conditions sont, soit trop timidement prsentes,
soit totalement absentes de la Loi vote au printemps 2005. Le mot Ç russite
pour tous les lves È a bien t repris, MAIS la Ç chose È
nĠexiste pas dans les faits sur le terrain. Pour le moment, lĠengagement de
la Nation envers sa jeunesse nĠest pas tenu 5-
Quelle pdagogie
pour les lves en difficults scolaires ? DĠaprs les travaux de Marcel Crahay, Professeur,
Dveloppement, apprentissage et intervention en situations scolaires,
Universit de Genve et Universit de Lige La synthse de TOUTES les recherches, notamment amricaines (Etats-Unis) mais pas seulement, dmontrent que le redoublement a fait la preuve de sa totale inefficacit. (Voir les travaux de Jackson, Review of Educational Research, 1975 et S.R. Jimmerson, Meta-analysis of grade retention for practice in the 21st century, School Psychology Review, 2001, Numro 30-3 pages 420 437). En France, il existe peu dĠtudes comparables. Signalons nanmoins deux enqutes trs dtailles : Suisse : G. Bless, P. Bonvin, M. Schpbach, Le redoublement scolaire : ses dterminants, son efficacit, ses consquences, Berne Haupt, 2005 France : T. Troncin, Le redoublement : radiographie dĠune dcision la recherche de sa lgitimit. Thse de Doctorat non publie, Universit de Dijon, 2006 Toutes ces tudes parviennent aux mmes constats et conclusions : les lves faibles qui redoublent progressent moins que les lves faibles qui sont promus. Quant aux lves Ç prometteurs È qui redoublent pour Ç mieux rebondir È, le risque de dcrochage et les checs sont majoritairement constats. Il est donc impratif de chercher dĠautres moyens dĠactions comme par exemple la composition et gestion des groupes ainsi que les dispositifs dĠindividualisation. Beaucoup dĠenseignants sont convaincus que le composition et la taille des classes constituent des dterminants de lĠefficacit pdagogique. Celle-ci pourrait sĠaccrotre, pensent-ils, face des classes homognes de faible effectif. Alors, composition des classes ? Effectif rduit ? Organisation de Ç groupes de besoin È ?
LĠide sous-jacente la composition de classes homognes se dcompose comme suit : - le professeur peut aisment trouver des activits dĠapprentissages - le professeur peut aisment trouver un rythme dĠapprentissage convenable tous - le professeur nĠira jamais trop vite ou trop lentement comme dans une classe htrogne : trop vite pour les plus faibles ; trop lentement pour les plus forts QuĠen est il dans la ralit ? La constitution de classes homognes a des effets prjudiciables sur le plan socio affectif, et ceci pour les lves placs dans les groupes les plus faibles. Par ailleurs, il sĠavre que les enseignants exerant dans les classes les plus faibles ont tendance adopter majoritairement une attitude fataliste. LĠenseignement reu dans les groupes faibles est le plus souvent de moindre qualit (Temps allou lĠenseignement rduit ; nombre moindre dĠunits de contenus enseignes ; encouragements plus rares ; exercices de rptition beaucoup plus nombreux). (Voir V. Dupriez et H. Draelants, Classes homognes versus classes htrognes. Les apports de la recherche lĠanalyse de la problmatique, Revue Franaise de Pdagogie 2004, Numro 148, Pages 145 165 et lĠ tude sur le mme sujet mene par Duru-Bellat et Mingat en 1997). La conclusion majeure de TOUTES les tudes est la suivante : les lves forts ne souffrent jamais de la prsence dĠlves faibles ; les lves faibles bnficient de la prsence dĠlves forts.
Toutes les tudes, notamment amricaines (Etats-Unis) montrent que la rduction du nombre dĠlves par classe favorise tous les lves, faibles et forts. Mais ceci une condition : que cet effectif soit dĠun maximum de 10 lves, ce qui ne peut se faire lĠheure actuelle en France de manire gnralise, mais est possible de manire ponctuelle et cible. Il est prouv que retirer 5 lves sur un effectif de 25 nĠaura aucun effet ; en revanche, retirer 5 lves sur un effectif de 15 est porteur dĠexcellents rsultats. (Voir School Class Size de Glass, Cahen, Smith et Filby paru en 1982). Les recherches menes au
Etats-Unis (et en France notamment par Piketty) lĠont t de la manire
suivante : les lves ont t affects de manire alatoire dans des
classes effectif rduit ou dans des classes effectif plus nombreux. Les
chercheurs ont ensuite vrifi que les lves composant les deux types de
classes prsentaient des caractristiques comparables du point de vue de
lĠethnie, du sexe et du statut socio professionnel des parents. Les
rsultats des lves des deux groupes ont t compars des moments diffrents
de leur scolarit et travers des indicateurs diversifis : tous
confirment lĠintrt des classes effectif rduit (10 ou moins de 10 lves/Jamais moins de 8).
LĠide de Ç groupes de besoin È nĠest pas nouvelle. Claparde la prconisait enÉ1920. Aux Etats-Unis, dans le cadre beaucoup plus rcent du plan Joplin, les lves sont attachs en fonction de leur age une classe htrogne. Ils la quittent pour certains apprentissages (Lecture et mathmatiques principalement) qui se droulent en groupes homognes. Cet assouplissement respecte la lettre trois rgles immuables : - le
temps pass en groupes homognes est nettement infrieur au temps pass en
classes htrognes, ce qui a pour consquence que le groupe auquel les
enfants sĠidentifient reste ce dernier - la
constitution des groupes homognes repose sur lĠvaluation dĠune comptence
spcifique et non plus sur celle dĠune aptitude gnrale - les
groupes sont flexibles ; en fonction des progrs des lves, ils
peuvent tre rorganiss Le plan Joplin a fait lĠobjet de plusieurs valuations : - lĠeffet positif est particulirement sensible pour les lves faibles, sans affecter le niveau des lves forts - les rsultats en lecture des lves du programme Joplin sont nettement suprieurs ceux des lves frquentant des classes Ç traditionnelles È. - aucune tude dĠvaluation nĠa abouti des rsultats ngatifs propos du plan Joplin Il est donc ncessaire, puisque cela Ç marche È, de constituer des classes htrognes petits effectifs, surtout dans les premires annes de lĠcole primaire, dterminantes pour lĠavenir. Sur cette unit de base, il sera utile de greffer un fonctionnement par groupes de besoin en respectant les trois rgles nonces ci-dessus. 6-
Rendre la vie
professionnelle plus attractive (DĠaprs le
livre cit ci-dessous) Marie Duru-Bellat le dit avec justesse dans son livre, LĠInflation Scolaire, Seuil, Paris 2006, Page 97 : Ç AujourdĠhui, lĠcole sĠefforce de tout faire : trier les plus mritants, mais aussi doter une fois pour toutes les jeunes des comptences requises dans une vie professionnelle DONT ELLE RESTE LARGEMENT COUPEE. CĠest sans doute trop : comment nier quĠil y a mille choses quĠon apprendrait mieux ailleurs ? È Mais dans une socit avant tout mritocratique, on comprend les rsistances corporatistes du milieu scolaire pour conserver le monopole de la certification. Il est pourtant URGENT que lĠEcole, au sens le plus large, soit plus modeste et plus curieuse, quĠelle sĠintresse au Ç continent mconnu È des salaris et des professionnels, Ç continent È o lĠon trouve AUSSI de lĠintelligence, des expriences et des pratiques justes. Il nĠest plus possible aujourdĠhui, pour lĠenseignant, de se draper dans sa seule puret acadmique (Voir F. Dubet et M. Duru-Bellat, LĠHypocrisie scolaire, Seuil, Paris 2000) sans pour autant limiter la formation ce qui serait jug utile et apprci sur le march du travail. Cet quilibre, difficile certes, doit pourtant tre recherch et trouv. Car pour le moment : - lĠinsertion
des jeunes chappe largement lĠemprise de lĠEcole - lĠEcole
nĠest responsable ni de la
rpartition des emplois, ni de lĠvolution des comptences dans le monde
professionnel - lĠEcole
ne peut luder sa responsabilit dans lĠorientation progressive des jeunes,
dbouch normal de son action ducative Responsabilit qui lui semblerait moins lourde si le monde du travail apparaissait aux jeunes plus attractif. Quant la slection, la question serait moins brlante si la rpartition des Ç places È tait seulement technique. Or la concurrence rgne pour accder lĠemploi et il est certains emplois que personne ne veut occuper. Ils le seront nanmoins, par des femmes, des immigrs, des jeunes moins bien pourvus en mrite scolaire. Les enjeux de la formation seraient moins dramatiquement vcus si les emplois eux-mmes taient moins ingaux. Mais nombre dĠemplois sont aujourdĠhui jugs inacceptables par un ensemble de jeunes dont le niveau scolaire est lev :
Une chose est certaine : on ne peut dcrter la revalorisation des mtiers manuels et de lĠapprentissage dĠun cot et, de lĠautre, dfendre des politiques dĠabaissement du cot salarial des jeunes tout en encourageant lĠlvation forte de leur niveau dĠtudes. (Voir E. Verdier, Politiques de formation des jeunes et march du travail, in Formation Emploi Numro 50, 1995 Pages 19 40). La dsertion actuelle de certains emplois sĠexplique par le fait que les jeunes font tout pour les viter. Enfin, les discours rcurrents sur la diversification des formes dĠexcellence ou la revalorisation des formations professionnelles sont condamns rester purement incantatoires tant que les emplois sur lesquels dbouchent les formations en question demeurent aussi ingalement attractifs.
Alors, le mrite ?
Pour lĠheure, il est convoqu afin de justifier la stratification sociale et
les ingalits. CĠest un vernis moral.
En clair, lĠgalit des chances proclame justifie des ingalits de situations
relles : croire en la mritocratie rend plus tolrant aux ingalits
existantes puisque tout le monde a eu sa chance (en principe) et ce sont les
meilleurs qui ont gagn. Or lĠgalit des chances nĠest quĠune
composante de la justice sociale ; mais la justice ne consiste pas
seulement assurer tous des chances gales dĠatteindre des positions
ingales. Elle doit aussi limiter les ingalits entre positions. Rduire les ingalits entre les situations des adultes (donc entre parents), cĠest en mme temps rduire les ingalits entre les milieux o grandissent les enfants, et donc entre les chances de ces derniers. LĠgalit des chances, ds lors que la socit est ingale, restera ternellement une aporie.
En guise de conclusionÉ provisoire : VERS DES ECOLES EFFICACES, EQUITABLES ET JUSTESÉ Efficacit, quit, absence dĠhumiliations et de violences sont des objectifs complmentaires et non pas concurrents. Les pays scandinaves, comme souvent en matire sociale, montrent la voie. Par ailleurs, les usagers du systme scolaire adhrent aujourdĠhui ces trois objectifs : - plus aucun groupe social ne ddaigne ni ne rejette lĠcole - plus aucun enseignant ( part quelques uns qui crivent des livres de ressentiment) ne pense que lĠcole est quitte de lĠobjectif dĠenseigner le plus de comptences possible au plus grand nombre
Imaginons, avec Gatane Chapelle et Denis Meuret, le scnario (optimiste) suivant : La Nation devra se persuader (ou devra lĠtre par les politiques) que : -
lĠducation est un des
moyens de faire face aux dfis dĠune conomie ouverte -
lĠducation est un des moyens dĠaccrotre les
capacits des individus faire face un environnement instable. Deux objectifs sont en dduire, de manire REELLE ET URGENTE : -
accrotre la matrise des
comptences de base en ne laissant personne quitter le systme sans un socle
commun de comptences ET de connaissances -
donner aux lves la
capacit de faire face au nouveau, lĠinattendu avec la mobilisation de TOUTES
les disciplines pour favoriser la prise dĠinitiative, le travail collectif, la
critique, lĠinvention, lĠexprimentation. Dans un tel projet, les
personnels dĠducation adhreraient car les comptences favoriseraient la
construction de la citoyennet, de lĠhumanit des individus. Les enseignants
nĠabandonneraient en outre pas leur discipline mais retrouveraient au
contraire, en rejetant tout encyclopdisme, le sens de leur prsence dans UN PROJET GLOBAL DĠ
EDUCATION. Ce projet devra tre port aussi par les chefs dĠtablissement
dont la responsabilit pdagogique devra tre accrue dans des tablissements disposant
de plus de liberts dans le choix des programmes pdagogiques. Certains modes de scolarisation, dĠorganisation, sont plus efficaces que dĠautres : - il ne faut pas mettre part les lves faibles : faire redoubler, orienter dans des filires spcialises les lves Ç lĠesprit pratique È (bel euphmismeÉ), former des classes ou des tablissements homognes, tout cela est nuisible aux plus faibles sans profit pour les plus forts. - Les dispositifs scolaires qui fonctionnent partagent certaines caractristiques :
Dans notre scnario, il faudra mettre en place un environnement pdagogique exigeant, stimulant et aidant o les quipes enseignantes seront encourages essayer, valuer et apprendre de leurs erreurs. Deux aspects possibles un tel environnement : - mettre en place des programmes qui fournissent aux acteurs de terrain des outils riches de dispositifs, dĠoutils efficaces, parmi lesquels ils pourront choisir - mettre en place des procdures de responsabilisation, de compte-rendu, qui incitent les acteurs choisir ces dispositifs et en valuer les effets. Un systme dĠincitation est efficace sĠil engage les enseignants trouver eux-mmes ce qui convient la situation de leur classe et exiger de leur tutelle les ressources, la formation et lĠaide qui leur serviront vritablement au mieux
- Les enseignants, dans ce scnario, seraient alors plus des experts que des artistes ou des intellectuels : ¤
QuelquĠun qui connat une grande varit de procdures complexes et choisit les
plus adaptes ¤
QuelquĠun moins expos personnellement mais plus attentif professionnellement Quant aux tablissements, leur autonomie devra tre plus professionnelle quĠadministrative. Des procdures dĠvaluation devront tre mises en place, non pas pour faire entrer lĠEcole dans un systme concurrentiel mais, entre autres, pour rvler au public le caractre exigeant de la profession : emmener ENSEMBLE ses lves vers un niveau de matrise requiert un haut niveau de comptences. Ces procdures rvleraient aux lves que le travail des enseignants consiste les aider Ç grandir È au moyen de la matire quĠils enseignent. (Grand public, Parents et Elves sont souvent trs loin de ces ralits). Les objectifs annexes seraient tout aussi importants : ¤
Rduire le clivage entre enseignants faisant le Ç sale boulot È et
les autres ¤
Runir les deux aspects du mtier : relation lĠlve ET la discipline
enseigne ¤
Trouver les sources dĠune bonne distance lĠlve. LĠinsistance sur la
participation, lĠabsence des classes de niveau et du redoublement, la pratique
du tutorat, le fait que les enseignants se rfrent plus leur METIER quĠ
leur STATUT diminueraient les Ç violences È lĠ Ecole. - Les usagers pourraient choisir leurs tablissements dans des conditions telles que les effets ngatifs de choix seraient supprims (je rappelle que je suis ici dans le cadre dĠun scnario optimiste). DĠune part, la politique Ç ZEP È doit tre renouvele, en aucun cas supprime ! Ces tablissements, lĠintrieur desquels les quipes pdagogiques accomplissent des prouesses quotidiennes dans lĠanonymat le plus total et lĠabsence de reconnaissance, devront recevoir une surdotation significativement plus forte que celle octroye aujourdĠhui. DĠautre part, Ç lĠampleur de ces surdotations devra dpendre de la proportion dĠlves dfavoriss È (Claude Thlot). Elles reposeront sur des procdures simples et ne devront pas reculer devant le fait de privilgier, parmi les lves dfavoriss, les plus prometteurs. Quant au choix des tablissements, il se fonderait, non pas sur lĠefficacit de lĠenseignement des comptences fondamentales, encore moins sur le dtournement de la carte scolaire devenu Ç sport national È des familles aises, mais sur la partie non contrainte de lĠenseignement. LĠorientation vers des filires plus ou moins exigeantes se devra se faire, elle, sur la matrise des comptences fondamentales au moment de lĠentre en lyce ou bien, si le Lyce tait intgr la scolarit obligatoire, au moment de lĠentre dans lĠenseignement suprieur. Trois consquences positives nos yeux : ¤ Un tel systme assurant que les lves dĠun mme tablissement prsentent une forte htrognit dans la matrise des comptences (le Banding System Londres) deviendra alors acceptable par toutes les familles puisquĠune qualit dĠenseignement sera garantie pour tous et par tous. Cette mixit (Forts et faibles ensemble) se traduira par plus dĠefficacit et dĠquit ¤ La possibilit de choisir son tablissement ne pourra plus tre induit par leur hirarchisation provoquant la fois la sgrgation urbaine et la sgrgation scolaire. Au contraire, sĠtablira alors une coopration entre tablissements permettant ceux-ci dĠoffrir aux lves un ventail maximal dĠactivits et de sĠentraider pour la ralisation dĠobjectifs communs. ¤ Le choix de lĠtablissement donnera alors tous les possibilits dont profitent actuellement les plus favoriss. Ce
scnario, car ce nĠest quĠun scnario, est sans doute caricaturalement
optimiste. MAIS il montre des pistes emprunter. Beaucoup dĠenseignants, de
parents et dĠlves y sont prts. Travail de recherches et de synthse effectu par Christophe Chartreux 35 rue P Bazin 76370 Neuville les Dieppe 02 35 06 24 83 Petit Ç catalogue È
dĠides-forces - En
prs dĠun sicle, la Ç rvolution pdagogique È, soi-disant
responsable de TOUS les maux de lĠcole, nĠa pas eu lieu ! Au contraire,
lĠEcole reste prisonnire de son Histoire. - Les
Ç adorateurs È dĠun age dĠor de lĠEducation Nationale se trompent et
nous trompent ! - Morale
et Justice ne sont ni de droite ni de gauche ; elles sont
nationales ! Ce que lĠon en fait, en revanche, est soit de droite, soit de
gauche, cĠest certain ! - Des
rformes nombreuses ont voulu
transformer lĠcole ; bien peu ont t effectivement appliques. Aucune, de fond ni dĠimportance,
ne lĠa t sur des dures excdant 5 ans. - LĠEcoleÉa
nĠexiste pas ! Elle nĠest
que DIFFERENCES ! - LĠcole
garde des rgles de vie et des pratiques pdagogiques hrites du sicle
dernier. LĠchec scolaire a bon
dos ! Il rsume tout et nĠexplique rien ! - Toute
classe est une classe htrogne. - LĠhtrognit
rduit extrmement peu le niveau de lĠlite en augmentant bien plus le niveau
des plus faibles. - La
constitution de classes homognes a des effets prjudiciables sur le plan socio
affectif, et ceci pour les lves placs dans les groupes les plus faibles. - Education
et Instruction sont insparables - LĠchec
scolaire est aussi vieux que lĠcole obligatoire. Il nĠa jamais exist dĠage
dĠor de lĠenseignement. - LĠchec
scolaire a une fcheuse tendance rvler impitoyablement les ingalits
sociales - Le
systme ducatif tranche dans le vif. CĠest 6 ans que lĠon trie les
Ç bons È et les Ç mauvais È. - La
prtendue Ç baisse de niveau È est un fantasme engendr par une
socit inquite de son avenir et de son Ecole. Ce qui ne signifie pas que tout
aille bien. - Aucune
lumire nĠa jamais jailli des disputes entre tenants de la mthode globale de
lecture (jamais applique) et tenants de la mthode alphabtique ou syllabique
(B-A- BA). - Une
seule chose est sre : aucune mthode dĠapprentissage de la lecture nĠa su
garantir 100% la russite des enfants. - 83%
des professeurs dĠcole donnent des devoirs la maison ; leur non
excution nĠest pas admise. ( POURTANT ILLEGAL EN ECOLE PRIMAIRE !) - De
lĠimagination pdagogique et des innovations naissent le malheur et le
scandale, dit on ici et l ! On leur prfre donc un sicle de savoir-faire
rcrit au got du jour ! JusquĠ lĠennuiÉ - Il
est ncessaire dĠavoir des ides biodgradables en pdagogie. Il faut se
dbarrasser des strotypes. - Les
professeurs dĠcole exerant en maternelle pratiquent un militantisme
pdagogique positif hors du commun. - Ce
nĠest pas le laxisme qui menace lĠcole primaire, mais la mdiocrit - Le
Ç mrite È est aujourdĠhui convoqu pour justifier la stratification
sociale et les ingalits. CĠest un vernis moral. - Rien
nĠest plus important que la dimension affective dans lĠenseignement du premier
degr - TOUTES
les tudes prouvent que les matres passent leur temps, bien au-del des
horaires officiels, faire du Franais et du Calcul et, plus prcisment, de
la lecture et des oprations. - LĠenseignant
a trop souvent tendance se Ç couper du monde È. Il ne peut pourtant
sĠabstraire, contrairement ce quĠaffirme Jean Paul Brighelli dans ses
Ç ouvrages È par exemple, de lĠenvironnement de son tablissement. - Les
ingalits sociales de Ç carrire scolaire È sont trs fortes en
France ; trop fortes. - Le
dveloppement culturel de lĠenfant est SOCIAL, - En
deux ans (5me/4me surtout), autant dĠingalits
Ç socio/scolaires È se crent que pendant TOUTE la scolarit
primaire. - Les
ingalits sociales de carrire scolaire sĠexpliquent pour une part
quivalente :
- Amliorer
lĠefficacit de lĠcole, ds lors que ce sont les moins favoriss qui sont les
plus sensibles son influence, est donc une manire de rduire les ingalits
entre lves mais AUSSI les ingalits sociales. - Le
fonctionnement mme des classes fabrique et reproduit certaines ingalits
sociales - Tout
un pan de la lutte contre les ingalits sociales passe par une
Ç formation È des parents. - LĠducation
sert aussi se classer par rapport aux Ç concurrents È. Et au fur et
mesure que les scolarits sĠallongent, les carts sociaux se dplacent plus
avant en prenant par exemple la forme de lĠaccs telle ou telle
filire : cĠest la Ç dmocratisation sgrgative È (ngative) - Des
politiques dĠallongement du tronc commun ou le dveloppement des passerelles
entre filires sont susceptibles dĠattnuer les ingalits sociales. - Il
FAUT aller vers une attitude plus exprimentale o enseignants ET chercheurs
concevront et valueront les effets prcis de tel dispositif sur tel public - La
question de la rduction des ingalits socio scolaires est fondamentalement
POLITIQUE. - La
violence lĠcole est constitue de faits tnus, mais rptitifs et
nerveusement usants, du genre Ç incivilits È,
Ç harclements È ou Ç micro-violences È. - Les
Ç mauvais lves È manifestent une agressivit impuissante
lĠencontre des professeurs qui nĠest en fait quĠune contestation impuissante de
leur place scolaire, - La
pdagogie pratique (style coopratif) et le style de gestion de la Direction
(participatif) sont des facteurs de protection bien identifis. - LĠexistence
des classes de niveau est un facteur majeur de risques, deux fois plus
explicatif que la monoparentalit par exemple. La sgrgation scolaire est LE
danger rel. - Les
coles, dans lesquelles les lves peroivent des rgles claires, des actions
valorisantes et des sanctions sans ambiguts, bnficient de moins dĠindisciplines. - Un
encadrement strict (militaire ou autre, l nĠest pas le problme) ACCOMPAGNE
dĠun travail ducatif et culturel AVEC PROJET porte TOUJOURS des fruits. - Le
combat contre la violence lĠcole est un combat politique contre la
dmagogie. - La
promotion du Ç march È en matire scolaire est bien une politique de
classe. - La
relation Professeur/Elve est CENTRALE dans la vie quotidienne de lĠinstitution
scolaire - Pour
vivre ensemble, enseignants et lves doivent grer, dans les collges et
lyces, lĠarrive dĠune culture juvnile de plus en plus lgitime - Il
faut OFFICIELLEMENT reconnatre que la russite ducative est diversement
difficile atteindre selon lĠenvironnement des coles et des collges. Il faut
donc mettre en place une trs forte diversification qualitative et quantitative
des moyens dĠenseignement. - Le
redoublement a fait la preuve de sa totale inefficacit. - Il
est prouv que retirer 5 lves sur un effectif de 25 nĠaura aucun effet ;
en revanche, retirer 5 lves sur un effectif de 15 est porteur dĠexcellents
rsultats. - Les
lves faibles qui redoublent progressent moins que les lves faibles qui sont
promus. Il faut donc explorer dĠautres pistes que le redoublement. - Le
cours magistral (et frontal) en Primaire et en Collge (voire mme en lyce)
est plus quĠune erreur : cĠest une faute professionnelle. - Quand
le scolaire dvisse, le social se lzardeÉ - Travailler dur pour tre rcompens, certes mais rcompenser chacun hauteur des efforts fournisÉ |