De l'autre côté du monde : histoires et légendes de la mythologie grecque, en collaboration avec Victor Caniato, Lyon, Stéphane Bachès éditeur, 2002
Ce livre est né de plusieurs rencontres : rencontre entre la mythologie grecque et des élèves de BEP, rencontre avec un sculpteur et peintre passionné par "les mythes fondateurs", rencontre avec un éditeur fasciné par les rencontres... De là un ouvrage étrange, un objet plutôt qu'un ouvrage. Un objet où le moindre détail est articulé à un projet d'ensemble. Un objet qu'il faut prendre, tenir dans ses mains, contempler sous tous les angles. Un objet qui donne à voir, à lire et, surtout à rêver...

"Je suis professeur et, depuis plusieurs années, passionné par les questions pédagogiques. Confronté, très tôt, à des enfants en situation d'échec ou de refus d'apprendre, je me suis demandé ce qui était capable de les mobiliser. Certains, alors, prônaient " la pédagogie des petites annonces ", expliquant qu'il fallait favoriser l'accès au langage à partir des intérêts immédiats des enfants et en s'appuyant sur ce qui leur serait le plus utile dans leur vie quotidienne. J'ai toujours fait un autre pari : ma conviction est que le sens est premier. Qu'il prime sur l'usage. Qu'il est plus déterminant que l'utilisation matérielle des choses. Ma conviction est qu'il faut parler à l'homme d'abord. Et lui parler des hommes. De ce qui les inquiète et de ce qui les hante.

Et mon expérience m'a prouvé que je ne me trompais pas : ces " enfants-bolides " qui partent au quart de tour, incapables de tenir en place, toujours dans la gesticulation quand ce n'est pas dans la violence, pouvaient être tenus en haleine quand je leur racontais l'histoire d'Hercule, ce brand " balourd " à la tête vide et aux gros bras qui cache sa faiblesse intérieure en s'enveloppant dans la peau du lion de Némée et se complait dans une surenchère d'exploits physiques avant de s'agenouiller, tout penaud, aux pieds d'une femme... Inutile, ici, de leur expliquer qu'on parle d'eux, qu'on parle de nous. Ils le savent. Et la culture alors relie les hommes, relie chacun d'entre nous avec les générations anciennes et avec nos semblables.

Victor Caniato, un jour, m'a montré les dessins et les gouaches qu'il avait réalisés sur les mythes grecs. Leur simplicité et leur force m'ont, tout de suite, impressionné. J'ai souhaité les faire découvrir au public à travers l'exposition que nous avons organisée ensemble à l'université Lumière en 1997. J'ai eu envie, aussi, de retentir plus personnellement à ces oeuvres. De dire ce qu'elles évoquaient pour moi, de relire les textes anciens en me laissant, en même temps, fasciner par ces images.

J'ai donc écrit les textes qu'on va lire ici. Sans souci d'explications et d'interprétations savantes. En me laissant emporter par l'histoire et envoûter par l'image. Dans l'entre-deux. Fidèle - autant que faire se peut - aux légendes des anciens et au geste du peintre. J'ai écrit sans chercher l'effet. Au plus près de l'essentiel. Au scalpel en quelque sorte.

Les images, maintenant, peuvent entrer en résonance avec des textes qu'elles ont pourtant précédés. Des textes qu'on peut lire ou oublier.

Des bribes de parole qui tentent de mettre un peu d'ordre dans le chaos primordial où nous habitons toujours."