Entrer dans le métier de professeur d'école Témoignages recueillis auprès de jeunes professeurs des écoles néo-titulaires par Catherine Caviale, PEMF et Marie-Agnès Mahieu, PIUFM. |
Coordinatrices d'un stage « T1-cycles 1 et 2 » (accompagnement de l'entrée dans le métier), ma collègue PEMF et moi-même (PIUFM en formation générale) avons proposé aux stagiaires, en tout début de stage de « décrire une situation professionnelle vécue depuis le début de l'année ». Nous leur avons demandé d'écrire un récit à la première personne, non anonyme, afin de solliciter leur implication personnelle tout en favorisant une démarche de distanciation et de décentration. Dans un second temps, ces récits furent l'objet d'analyse et de discussion au sein de petits groupes dont les membres n'avaient pas eux-mêmes vécu la situation évoquée. L'objectif était ici de provoquer l'objectivation et la généralisation en mettant en évidence la communauté des problématiques. Dans un troisième temps, la synthèse en grand groupe a permis la confrontation entre les propositions émanant des sous-groupes et le point de vue de l'auteur/acteur de la situation. Ce « dispositif » somme toute très classique a fonctionné au-delà de nos attentes, permettant un échange riche, authentique et animé qui a pu se développer tout au long des trois semaines de stage. Nous avons été frappées par : l'écriture exacte des faits et la mise à distance, le professionnalisme de ces jeunes collègues, le mal être devant des situations qui sont, malheureusement, il faut bien le dire monnaie courante à l'école, le fait que les situations rapportées sont rarement de l'ordre du didactique ! Les situations évoquées, sans pathos, sont parfois douloureuses et difficiles, parfois ubuesques, parfois simplement un peu complexes... les anecdotes ne sont jamais banales (ou elles ne devraient pas l'être). Soulignons aussi que le registre d'évocation n'est jamais celui de la plainte, de la lamentation ou du dénigrement. Au contraire, on perçoit dans ces récits la volonté tenace de faire pour le mieux, envers et contre tout : avec les enfants, avec les collègues et les directeurs, avec les parents... Il s'agit de témoignages passionnants, forts et révélateurs de l'école d'aujourd'hui. Ils nous donnent des indicateurs puissants pour la formation des professeurs ! Il nous a semblé intéressant de chercher à assurer à ces témoignages une diffusion aussi large que possible, non seulement pour renforcer l'enthousiasme de ces stagiaires, mais surtout pour apporter une contribution à la connaissance de l'état actuel de l'école, dans sa réalité quotidienne. Les stagiaires ont, bien entendu, donné leur accord pour une telle diffusion, à condition toutefois de respecter leur anonymat. Stagiaires T1 - Cycles 1 et 2 - Stage du mois de février 2006« Décrivez une situation vécue depuis ce début d'année scolaire et qui vous a amenés à vous interroger, qui vous a posé un problème... » 1) J'ai 13 CE1 hétérogènes, et je ne sais pas comment gérer cette hétérogénéité. En effet, certains avancent plus vite que d'autres, ou ont fini leur travail très rapidement et un autre petit groupe qui est plus « lent » et qui comprend moins vite. Je ne sais pas comment faire avancer et aider les CE1 plus lents puisque je dois m'occuper des CE2 quand les CE1 sont en autonomie. Les CE2 sont homogènes. Je ne souhaite pas faire 3 groupes : 1 groupe CE2 / 1 groupe CE1 bon / 1 groupe CE1 moyen, car cela serait trop lourd à gérer. Et puis il faut avancer dans le programme, donc comment reprendre les CE1 qui n'ont pas compris une notion ou ont besoin de revoir cette notion ? et que faire des autres CE1 pendant ce temps, qui, eux, ont compris et pourraient aller plus loin et avancer ? Faut-il continuer le programme avec tous les CE1 et reprendre à un moment donné, faire du soutien une ou deux fois par semaine avec les CE1 plus « lents » et qui ont besoin de plus de temps ? Faut-il différencier les exercices que l'on donne, plus d'exercices pour les plus rapides et moins pour ceux qui vont moins vite ? Faut-il prévoir 1/2h par jour avec les élèves en difficulté et ayant besoin de plus d'explication pendant que toute la classe est en autonomie ? 2) La difficulté majeure que je peux rencontrer dans ma classe tous les jours vient d'une élève qui ne s'exprime pas devant les autres ou avec moi. Oriana est une enfant qui est placée en famille d'accueil depuis qu'elle est bébé. En CE2, elle est suivie en hôpital de jour et n'a pas de contact avec ses parents (on sait que sa mère est en hôpital psychiatrique). Très timide, très anxieuse et très triste, elle est suivie par le RASED (2 interventions par semaine). Elle est très complice avec une autre élève qu'elle prend un peu pour sa maman. Elle est bien intégrée dans le groupe classe. Je ne peux l'interroger, il faut sans cesse la rassurer ; elle n'accepte pas de parler devant la classe. Tout ce qui ressemble à une évaluation la bloque. Même dans la cour de récréation, quand elle a un mot à me remettre, c'est son amie qui me le donne. Toutefois, depuis mon arrivée, j'ai un bon contact : elle me parle tout bas quand je lui demande quelque chose... Dès qu'il y a un changement au sein de la classe ou des évaluations, elle est malade au point de ne pouvoir venir en classe. A mon arrivée (avant les vacances de Noël), sur une semaine, elle n'est venue qu'une seule fois... La famille d'accueil a de bonnes relations avec l'école. Le problème est que je ne peux pas évaluer cette élève ; dernièrement, elle a refusé de réciter une poésie. Je lui ai proposé de rester assise, mais cela n'a pas marché. Pour une évaluation écrite sur la préhistoire, je suis restée près d'elle pour l'encourager, essayer de lui montrer qu'elle était capable de répondre... Mon souci est qu'avec un double niveau, j'ai beaucoup de mal à dégager du temps dans la classe pour la rassurer, lui répéter qu'elle est capable... Un point positif que je tiens à souligner : j'ai mis en place une séquence de mimes où elle s'est énormément épanouie. Depuis, j'ai découvert deux Oriana... En classe, comment puis-je faire pour l'évaluer comme les autres ? 3) Classe de CP/CE1 (9 CP, 11 CE1). En début d'année, j'ai rencontré un problème avec une petite fille, Anne, en CE1, qui n'était pas du tout « scolaire ». Elle se levait en classe pour aller chercher un mouchoir, tailler son crayon, se retournait sur sa chaise... Bref, elle avait beaucoup de difficultés à se mettre au travail et à se concentrer. Il fallait toujours être derrière elle, son travail n'était jamais achevé, et j'ai trouvé une solution (peut-être pas la bonne !) pour qu'elle finisse au moins un exercice pendant la récréation. L'ennui est que son temps de récréation était donc passé à travailler... cependant, à la fin du temps de remplacement de ce poste, j'ai pu remarquer qu'elle avait progressé et qu'elle arrivait à suivre la classe en première partie de matinée ! Il n'est pas évident de « gérer » cette enfant surtout avec le double niveau CP/CE1 en début d'année scolaire... 4) J'ai dans ma classe un enfant qui présente un trouble du langage oral. Il ne savait pas lire à la rentrée, mais il y avait un début de compréhension de la combinatoire. Il lit mieux aujourd'hui (soutien de lecture individualisé). Paul a cependant un gros problème d'autonomie. Habitué à une relation duelle avec l'adulte (orthophoniste, maman super protectrice...), il ne travaille pas du tout au sein du groupe classe et en autonomie (tendance à se mettre à l'écart, à « rêver »...) Même lorsque je lui donne un travail plus adapté pour lui, à faire en autonomie, il ne travaille pas si je ne suis pas avec lui. Paul ne travaille donc que la demi-heure que je consacre chaque jour à un groupe de 4 enfants en grande difficulté de lecture, en CE1. La question que je me pose est donc : comment l'amener à acquérir un peu d'autonomie, à entrer dans les apprentissages autrement que dans cette relation de forte prise en charge par l'adulte ? J'ai mis en place dans la classe un tutorat pour les 4 enfants en grandes difficultés. Mais ce tutorat a du mal à fonctionner pour Paul. 5) En classe de CP j'ai un élève qui n'a toujours pas acquis le code de lecture. En effet, au mois de janvier, il n'a toujours pas compris que « l » et « u » se lit « lu ». La méthode de lecture utilisée (basée sur une méthode mixte) ne lui convient peut-être pas. J'ai également employé la méthode gestuelle Borel-Maisonny qui convient souvent à des élèves en difficulté, mais sans vraiment de succès. L'enfant est très calme en classe et ne fait pas de bruit. Il semble très renfermé, osant à peine répondre à mes questions, et ne semble épanoui que pendant la récréation. J'ai l'impression que le problème se pose également à la maison. La mère veut l'aider et est même venue me demander des conseils. Pendant la conversation, elle a quand même glissé que le père « tapait » son fils quand la lecture n'était pas faite correctement (ce qui doit arriver régulièrement étant donné que l'élève ne sait pas lire). J'ai essayé plusieurs méthodes. Je pense qu'il faut pour cet élève revenir sur les bases de la lecture. Mais avec quelle méthode de travail ? et comment le faire tout en étant avec le reste de la classe et en l'incluant aussi dans les activités du groupe ? 6) J'ai dans ma classe un élève de qui devait être maintenu en GS et qui est tout de même rentré au CP. Des collègues de l'école m'ont informée que les enfants de cette famille étaient assez performants et étaient très bien intégrés au système scolaire. Ce petit garçon éprouvant des difficultés est donc considéré un peu, par ses parents, comme « l'idiot » de la famille. Le « mal être » chez cet enfant se manifestait par un refus de rentrer dans les apprentissages et par des problèmes de comportement en début d'année. Je me suis donc demandée ce que j'allais mettre en place pour cet enfant afin qu'il puise rentrer dans les apprentissages. Avec les conseils d'un maître E, nous avons décidé, avec une collègue, de mettre en place un projet individualisé (PPRE) pour cet élève en lecture et en mathématiques. Pour la lecture, l'élève crée lui-même son texte en produisant 2 ou 3 phrases sous forme de dictée à l'adulte et avec son propre vocabulaire (prénoms de ses frères et soeurs...). Il part ainsi de son vécu. Il a, avec ce procédé, fait des progrès, mais il ne lit les mots que globalement. Son lexique de mots devient de plus en plus important, mais je me demande comment travailler la phonologie avec cet élève : ses fiches de sons doivent-elles être différentes de celles des autres élèves ? Dois-je reprendre certains sons déjà travaillés en début d'année pour l'amener à comprendre la combinatoire ? 7) Depuis la rentrée de septembre, j'ai en charge une classe de « tout-petits » qui, pour certains, rentrent à l'école le jour de leurs 2 ans. 24 inscrits, une rentrée très échelonnée : 12 en début d'année, et 19 au jour d'aujourd'hui, avec une fréquentation, plus ou moins régulière selon les enfants. Certains parents, bien qu'ayant eu la démarche d'inscrire leur enfant en toute petite section, ont encore des scrupules à lever leur bébé le matin. Ils hésitent encore sur l'intérêt pour leur enfant d'aller à l'école et préfèreraient les scolariser l'après-midi uniquement. En fait, deux mamans sont concernées par ces états d'âme. La plupart des autres enfants sont scolarisés régulièrement et tout se passe très bien. J'ai expliqué aux mamans de Véga et Schon qu'il serait préférable qu'ils viennent régulièrement peut-être moins souvent (2 matins dans la semaine) plutôt que de venir tous les jours pendant 10 jours, puis plus du tout pendant 15 jours ; que le matin est plus favorable aux apprentissages et à la communication avec les enfants, à la socialisation, parce que la plupart font la sieste l'après-midi et que par conséquent les ateliers ont lieu le matin... mais je me trouve toujours confrontée à la même irrégularité, avec les perturbations que cela peut entraîner sur le groupe-classe. Dois-je accepter que ces enfants ne viennent que les après-midi ? Adapter des séquences d'apprentissage à ces deux enfants ? Il me semble que l'un des enjeux de la toute petite section est la socialisation, faire partie d'un groupe et petit à petit en accepter les règles. A 2, l'enjeu ne sera pas le même, mais au moins viendront-ils à l'école ! 8) Un parent d'élève de CE1 me demande un rendez-vous afin de savoir quelle est la « progression » du CE1, ce que son enfant doit savoir faire à la fin de l'année. Cela faisait un mois que j'avais ma classe, mais je préparais mes cours quasiment au jour le jour, sans avoir fait de programmation. Donc ce rendez-vous me perturbait beaucoup, puisque je savais que je ne préparais pas comme il se devait... Lors du rendez-vous, j'ai pris la parole la première, en abordant le comportement de l'enfant qui « perturbait un peu » la classe (alors que ce n'était pas le sujet du rendez-vous). La mère de l'élève a plutôt mal réagi et a par la suite fait « l'inventaire » de ce qu'elle considérait comme « mauvais » : selon elle, son enfant devrait présenter des cahiers plus propres, des leçons mieux copiées, savoir souligner correctement... C'était inadmissible qu'en CE1 ils ne sachent pas encore faire ceci ou cela... sous-entendu, bien évidemment, ma gestion de classe. Elle a été jusqu'à faire sortir à son enfant son classeur de sciences, car je n'avais pas corrigé les erreurs d'orthographe (sur une feuille de prises de représentations) : inadmissible ! Je faisais donc en parallèle le bilan de mes erreurs et cherchais à me justifier : pour les sciences, j'ai expliqué que c'était une prise de représentations (ce qu'elle a compris), mais elle m'a démontré que les parents, à la maison, ne pouvaient pas le savoir. Désormais, je fais faire ce travail sur une feuille de couleur différente. pour la tenue des cahiers, j'ai essayé de me justifier ; j'ai fini par dire que je n'avais pas fait comme il fallait dès le début de l'année... Voyant mes erreurs, je m'enfonçais au fil de la discussion.... La mère a fini par me demander si c'était la première fois que j'avais ce niveau de classe. Lorsque je lui ai dit que c'était ma première année, son ton s'est radouci, du style « tout le monde fait des erreurs... il faut bien commencer un jour ». Je suis sortie de ce rendez-vous complètement démoralisée : j'avais l'impression de m'être complètement ridiculisée, de ne pas avoir été du tout à ma place en tant que « professionnelle »... et j'étais évidemment bien vexée de toutes ces remarques qui m'ont cependant amenée à me remettre en question sur plusieurs petites choses. 9) Je suis en PS/MS. J'ai dans ma classe une élève qui, durant l'année précédente, était scolarisée en TPS à Paris et est arrivée dans ce village de l'Eure en cours d'année. Seulement ici on ne scolarise pas les TPS. Comme elle était déjà scolarisée, l'école a été obligée de l'inscrire. Elle s'est donc retrouvée dans la classe de PS où elle a terminé son année. La collègue de l'an passé ayant changé d'école, j'ai obtenu son poste. Et sur ma liste d'élèves, l'élève concernée, née en février 2002, est inscrite en PS. Mais le jour de ma réunion d'information avec les parents, son père est venu me voir en m'annonçant qu'elle devait être en MS, que l'enseignante de l'an dernier le lui avait certifié N'étant pas au courant, je lui ai répondu que pour moi elle était en PS, car la directrice ne m'avait pas informée de cette situation et m'avait donné la liste sur laquelle l'enfant était inscrite en PS. N'étant pas satisfait de ma réponse, il a pris rendez-vous avec la directrice. Moi, de mon côté, j'ai tout de suite informé ma directrice de la situation. Celle-ci n'était pas au courant que l'enseignante avait promis le passage en MS. De plus, l'enfant étant née en 2002, elle devait rester en PS (pour l'année 2006). L'enfant avait déjà des acquis, son niveau de langage était très bon : j'ai donc proposé à ma directrice de faire un essai en lui faisant faire le matin des activités de MS. Seulement, je me suis rendu compte que si l'élève ne dormait pas l'après-midi, elle ne pouvait pas rester concentrée plus de 10 minutes sur une activité. Je décidai donc, en accord avec ma directrice, de lui faire faire les activités de MS 2 après-midi par semaine (lundi et jeudi). Lors de son rendez-vous avec le père, la directrice l'a informé de notre décision en lui proposant de faire un bilan en janvier : rendez-vous est pris pour le vendredi 20 janvier. Le mercredi 18 janvier, le père a appelé l'IEN pour lui expliquer la situation : qu'il refusait que sa fille fasse 4 ans de maternelle, qu'elle était très intelligente et qu'il demandait qu'elle passe en MS (informations données par le conseiller pédagogique qui a répondu que l'enfant devait rester en PS). La veille du rendez-vous, le père a appelé mon ATSEM chez elle pour savoir ce qu'elle pensait de l'enfant et de son enseignante. Elle est allée dans mon sens quant aux problèmes de concentration de l'enfant et m'a fortement soutenue. Le jour du rendez-vous, j'ai fait mon bilan au père en lui expliquant que l'enfant était certes au-dessus du niveau de PS mais encore en dessous de celui de MS et qu'elle avait besoin encore de dormir l'après-midi. Il a reconnu qu'il n'avait pas pensé à ce « problème d'endurance » mais qu'il aimerait néanmoins que sa fille intègre la MS. Nous avons refusé ce passage en proposant de conserver la situation mise en place pour cette enfant, mais cela ne l'a pas convaincu. 10) Chaque jeudi et vendredi, à l'heure de sortie des enfants, la même question me revient : « comment va être ce soir le père de Joël ? », « Va-t-il sentir l'alcool ? » « Peut-il ramener son fils sans danger chez lui ? » Jusqu'à présent, je ne l'ai jamais vu dans un état d'ébriété. Il sent l'alcool fortement, même s'il mange du chewing-gum pour le dissimuler. Pourtant, je pense qu'au volant, le taux permis est largement dépassé. Comment faire si un jour il arrive en état d'ébriété et qu'il veut absolument reprendre son fils ? Ce monsieur est au chômage. Je pensais donc que sa femme n'était pas forcément directement au courant Pourtant, elle ne travaille pas le lundi, jour où nous avons décidé, avec ma collègue, de donner un rendez-vous aux parents de Joël pour essayer de faire le point sur son comportement en classe (agressivité, manque de concentration...) : même ce jour là, ce monsieur sentait l'alcool. Nous en avons conclu que sa femme était au courant. D'ailleurs, d'autres parents à la sortie de l'école nous ont fait comprendre que ce monsieur sentait une odeur particulière. Comment réagir vis-à-vis des autres parents ? S'il arrivait un accident, quelle est notre part de responsabilité ? (En même temps, il est difficile de dire, même gentiment, à un parent : « vous sentez l'alcool, j'appelle quelqu'un d'autre pour venir chercher votre fils »...). Joël est un enfant de PS qui fait la taille d'un enfant de GS. Depuis la crèche, cet enfant est écarté du groupe parce qu'il est violent avec les autres enfants. Chez lui, il n'a aucune limite. Il semble être hyperactif (d'après un psychologue). Chaque soir, nous devons faire (en plus) un compte-rendu des points positifs et des points négatifs de la journée de Joël à ses parents (demande de la part de la mère). Malheureusement, il est difficile de trouver des points positifs. N'est-ce pas un cercle vicieux ? Le comportement du fils engendre celui du père et inversement ? mais comment l'expliquer aux parents ? 11) En début d'année, j'ai remarqué une élève de CE2 qui ne souriait jamais. Elle participait peu en classe et restait en retrait lors des activités d'EPS et d'éducation musicale. En discutant avec mes collègues, j'ai appris qu'il y avait eu suspicion de maltraitance (attouchements) en CP car elle avait dit à son enseignante qu'elle dormait avec son père. Le papa l'avait appris et avait porté plainte contre l'enseignante pour diffamation. L'enseignante avait été convoquée à l'IA. Sachant cela, j'ai convoqué les parents pour discuter de l'attitude de leur enfant en classe, sans leur dire ce que je savais de l'année de CP. Les parents m'ont dit qu'il n'y avait aucun souci mis à part qu'elle refusait de faire ses devoirs avec son père et qu'elle ne souriait pas non plus à la maison. Après plusieurs rendez-vous, je leur ai fait part de mon inquiétude et leur ai proposé une saisine de CCPE. Le père a refusé et m'a annoncé que sa fille allait être prise en charge par un psychologue privé. C'était juste avant les vacances de Noël. En revenant des vacances de Noël, l'élève en question avait complètement changé. Elle participe à la classe et sourit. Lorsque j'ai demandé le nom du psychologue au papa, il m'a dit qu'il n'avait pas de compte à me rendre (juridiquement parlant). Je me demande si je dois me contenter de ce changement. Après une conférence sur les enfants en danger, une intervenante m'a dit de prendre contact avec une AS qui m'a conseillé de faire un signalement à l'IA. Mon souci est de chambouler une famille s'il ne se passe rien, ou de passer à côté de quelque chose... Si je fais un signalement, les parents sauront que cela vient de l'école et le dialogue sera alors rompu... 12) J'occupe un poste de 4 ¼ de décharge et il faut s'adapter aux différentes consignes de sécurité de chaque école. Or un incident s'est produit qui aurait pu avoir de graves conséquences. C'était un midi, dans une école maternelle. J'y suis de service de cour de 13h20 à 13h30, et j'assure aussi l'accueil des élèves qui reviennent l'après-midi. Je tiens à signaler que je suis seule pour surveiller une cour assez large. A 13h20, j'ouvre la grille pour laisser les élèves entrer. Or, ce jour là, je ne disposais pas du travail qui était prévu pour une séance de décloisonnement avec une classe de CP de l'école élémentaire qui se trouve juste en face de l'école maternelle. Tout en surveillant, j'ai demandé un renseignement à ma collègue de PS qui se tenait à l'entrée de sa classe. Pendant ce court laps de temps, une petite fille de 3 ans que sa mère avait amenée a profité que d'autres parents ouvrent la porte pour sortir de l'école. Heureusement, une mère d'élève l'a tout de suite ramenée. Après ce problème de surveillance, deux mots revenaient sans cesse dans mon esprit : « faute professionnelle ». Je n'arrêtais pas de penser à ce qui aurait pu se passer. Je me suis excusée auprès de la mère de la fillette qui a été très compréhensive, ce qui aurait pu ne pas être forcément le cas. Depuis ce jour, la porte est constamment fermée et j'effectue de nombreux aller-retours entre les deux extrémités de la cour, c'est-à-dire entre l'aire de jeu et la porte d'entrée, même si certains parents râlent parce qu'il faut attendre. Maintenant, je m'interroge particulièrement sur ma responsabilité lors des « tolérances » des écoles maternelles qui autorisent les parents à venir chercher leurs enfants à 11h50 au lieu de 12h et à 16h20 au lieu de 16h30.... 13) J'ai un poste fractionné sur 3 classes : PS/MS, CE1, CE2. J'ai eu la chance de connaître mon poste en juin et donc de pouvoir rencontrer mes collègues et ainsi mieux appréhender la rentrée. La collègue de maternelle avec qui j'ai travaillé en juin avait déjà tout prévu (emploi du temps, projet pour l'année...), bref, tout était bien « ficelé ». Moi, ma réaction, face à cette collègue très investie dans son travail, a été de m'investir également (ce qui peut sembler normal après tout). Mais très vite, je me suis rendu compte que ce n'était pas « ma » classe : je n'ai rien décidé du tout, j'ai eu le sentiment d'appliquer quelque chose qui ne m'appartenait pas. Je me sentais comme une intervenante. Et puis je ne me sentais pas à ma place, et je n'avais pas ma place matériellement : mes affichages étaient à mettre dans le couloir (ce n'étaient pourtant pas des affichages en arts visuels, mais bel et bien des affichages fonctionnels indispensables pour mes enseignements), pas de clé du placard à matériel (la collègue enlève la clé de la porte), pas possible de faire mes propres projets (exemple : décors en pâte à sel pour le marché de Noël, parce que « on ne peut pas vendre ça »)... bref, je me suis sentie étouffée, complètement dans l'ombre, au point de ne plus prendre plaisir à aller travailler et d'angoisser à l'avance. J'ai eu vraiment un sentiment d'infériorité, une sorte de soumission que j'ai eu du mal à accepter, et ma position de T1 a fait que je n'ai pas su trouver le courage suffisant pour en parler clairement avec cette collègue. Enfin si, une fois, j'ai essayé de discuter seule à seule, calmement, en prenant sur moi : le problème était que je travaillais sur le plan de la classe et que je devais les évaluer, or elle avait changé toute la disposition de la classe la veille, sans m'en informer, et pour elle, je pouvais tout rechanger le lendemain, juste pour l'évaluation, avec une classe très bruyante... Tout en continuant de discuter elle s'est approchée d'un groupe d'une vingtaine de personnes et m'a pris de haut, a parlé fort ainsi tout le monde s'est retourné : « Mais il faut que tu apprennes à gérer l'imprévu, si tu as un enfant qui se blesse, tu prendras bien 5 minutes pour le soigner, eh bien là, c'est pareil ! »Bref, une grosse incompréhension, qui n'a cessé de croître... 14) Une situation qui m'a posé problème et qui me laisse un souvenir « amer » : j'ai une classe de CE1/CE2, dans une école rurale. S'agissant d'une ouverture de classe, nous sommes très démunis au niveau matériel, et la bibliothèque de classe est pour ainsi dire vide. (Pas de bibliothèque communale, pas de bibliobus). J'ai réussi à négocier avec ma ville (Rouen) un emprunt de classe, ce qui me permet d'offrir à mes élèves de la littérature. Ces ouvrages sont sous ma responsabilité et les enfants savent qu'il faut en prendre soin. Un jour, au moment de se ranger avant de sortir de classe, un album posé sur le bureau d'un élève a été souillé. Comme c'était dans le mouvement de la classe, j'ai voulu savoir qui avait fait ça Personne ne m'a répondu. Je n'étais pas contente et j'ai repris le problème l'après-midi. A nouveau, pas de réponse. En plus, les enfants en avaient parlé entre eux et s'accusaient mutuellement je ne voulais pas en rester là et je ne voulais pas non plus que la situation s'envenime. J'ai fini par faire écrire un mot à chaque enfant afin que le responsable (malgré lui sûrement) se dénonce. Pour ne pas l'accabler, j'ai ensuite vu les élèves un par un. A vrai dire, personne ne s'est vraiment « dénoncé » et c'est le lapsus d'un élève qui m'a mise sur la voie. Il s'agissait bien de lui. Je ne l'ai pas puni, mais je voulais qu'il/ils prenne(nt) conscience de sa/leur responsabilité. Je me demande si je ne suis pas allée trop loin. Aurais-je du laisser tomber et simplement nettoyer ? Cela ne me convainc pas non plus, mais n'ai-je pas « dramatisé » la situation ? J'ai réussi à n'humilier personne et à savoir qui était le coupable, mais je doute... dans la mesure où à un moment j'ai senti que si j'avais été moins attentive et si j'avais eu moins d'autorité, la situation aurait pu m'échapper. Je pense qu'à ce moment là, j'étais en équilibre, en tension dans mon rôle. Une fois que j'avais demandé de qui il s'agissait, j'étais moi-même coincée, je ne pouvais plus faire demi-tour. Je pense qu'en voyant le livre (pas tellement abîmé au final) j'aurais du me laisser le temps de la réflexion. Je me questionne sur ma maîtrise de la situation dans ce genre de glissements possibles... 15) Situation : ZIL... Un des problèmes qui me tient le plus à coeur est de réussir à gérer la violence avec des élèves que je ne connais pas. Je me suis retrouvée confrontée à des situations critiques, et ces rares expériences m'ont choquée et m'ont fait me remettre en question. Que ce soit la violence entre les élèves, verbale ou physique, l'insolence... j'ai toujours l'impression d'avoir extrêmement peu d'impact. De plus, le fait de n'être dans une classe que très peu de temps m'empêche de mettre en place des projets qui s'inscrivent sur une durée. Et reprendre des systèmes instaurés par les titulaires n'est pas toujours efficace : il faut avoir le temps de se les approprier, et les élèves m'accordent moins de crédit czar ce n'est pas moi qui ai mis les choses en place avec eux. Exemple : Lors d'un remplacement en CM1 en ZEP, j'ai accompagné la classe en sortie au gymnase (pas d'accompagnateur). Au retour, nous sortons du bus, les enfants se rangent, je ferme la grille et en me retournant, je vois 2 élèves qui se battent. Je les somme d'arrêter, ils continuent. Je m'interpose et attrape l'un d'eux pour l'éloigner et le maintiens. L'autre continue de le frapper (et me frappe en même temps, involontairement). La scène m'a paru interminable. J'avais demandé à une élève de prévenir la directrice. Lorsqu'elle est arrivée, les enfants ont cessé de se battre. « Heureusement », les autres élèves sont restés calmes. Nous sommes repartis en classe comme si de rien n'était ou presque (j'ai voulu éviter les discussions à chaud). Les deux élèves sont restés dans le bureau avec la directrice et ont été privés du spectacle de l'après-midi (par la directrice). Le remplacement n'a duré qu'une journée, mais qu'aurais-je pu faire ensuite, si j'étais restée ? J'aurais voulu gérer cette situation seule, mais ce que j'ai pu dire ou faire n'a eu aucun impact chez les enfants en question. Quelle réaction adopter ? Quels mots choisir ? 16) Classe de CE1, en ZEP... Comment réagir face à la violence verbale et physique de quelques élèves perturbés ? Durant une semaine, une élève s'est « amusée » à m'insulter en classe : « grosse conne, putain, j'emmerde... ». Le climat de classe s'est vite dégradé jusqu'à une perte d'autorité ne permettant plus de travailler. Les élèves m'ont signifié que je ne pouvais rien contre eux : « tu n'as pas le droit de nous punir, de nous frapper, et on ne sera pas renvoyés.... » Ces propos s'accompagnaient de cris, l'élève frappait ses camarades et balançait des objets à travers la classe. Solutions tentées : dialogue, indifférence, convocation des parents, sanctions, et, n'y tenant plus, conseil de discipline. Au bout de trois jours, l'élève a recommencé ses insultes. Je l'ai exclue de la classe durant une semaine et demie. J'ai mis plusieurs jours à calmer les autres élèves et nous avons réussi, après beaucoup de temps passé à dialoguer, à retrouver un climat propice au travail. Le souci, c'est que j'ai 3 élèves très fragiles, dans le même style que cette élève. J'ai l'impression de travailler toujours sous la menace d'une « crise ». Je suis en permanence sur le qui-vive et le travail psychologique à faire dépasse certainement mes compétences et est épuisant. Il est pourtant indispensable, il faut que je surveille constamment et que je jauge l'état émotionnel de ces enfants pour tenter de prévenir ou enrayer tout débordement. Je reçois l'aide de ma collègue de la classe d'à côté en cas de crise, mais nous n'avons ni maître G ni médecin ou infirmière et la psychologue scolaire n'est dans l'école qu'une journée par semaine ! J'entretiens le plus de relations possibles avec les familles, mais là encore, cela ne suffit pas : les situations familiales sont généralement à l'origine des comportements déviants et je ne suis pas assistante sociale ! Comment se protéger un peu ? Comment gérer les apprentissages avec cette pression ? Comment réagir face aux insultes ? Je passe, à mon sens, trop de temps à séparer les bagarres, même dans la classe. Les parents des élèves les plus stables demandent des comptes sur le fait que leurs enfants sont pénalisés par certains élèves. Que répondre ? Comment enrayer l'alcoolisme naissant des jeunes enseignants sous pression ? (it's a jock) Comment limiter l'agressivité de ces enfants et générer un bon climat de classe ? 17) Classe de CE1 en ZEP - 21 élèves. Comment réagir face à la violence verbale et physique de quelques élèves perturbés ? A la fin d'une récréation, un de mes élèves se bagarre avec un autre (chose plutôt fréquente). J'ai du mal à les séparer. Je finis par empoigner plus énergiquement Ahmed qui n'apprécie pas et me met un coup de pied devant les autres élèves de la classe. Je le place tout de suite chez la directrice chez qui il terminera l'après-midi. Aucune mesure envers l'enfant n'a été prise sur le moment. Les jours suivants, Ahmed se fait de plus en plus virulent en classe. Les autres élèves, témoins des scènes de confrontation ou d'ignorance de ma part, commencent eux aussi à prendre de l'assurance vis à vis de moi. Je suis alors en train de perdre ma classe ! Je décide donc de vider mon sac auprès de mes collègues (pas toujours facile d'avouer que l'on a du mal à tenir une classe). Un conseil de discipline est mis en place pour Ahmed, trois jours plus tard. L'ensemble des collègues et des personnels est réuni, la maman a été convoquée. Le tribunal est ouvert. L'enfant n'est ni impressionné ni effrayé et refuse de s'excuser. Un cahier de suivi est mis en place. Cela fait deux mois que cet événement a eu lieu. Ahmed est en pleine transformation et comprend que j'essaie d'être juste avec lui. Comment gérer ces enfants en souffrance ? Comment faire pour redonner de la place aux apprentissages ? Que dire aux parents des enfants qui vont bien et qui demandent des comptes ? 18) J'ai un poste fractionné, 4/4 de décharges, dont ¼ en CE2. Dans cette classe, il y a 23 élèves. Parmi ces élèves, j'ai des difficultés à gérer 2 enfants. La première, une fille, est suivie en hôpital de jour pour des troubles comportementaux. Il est difficile pour elle de rester assise dans la classe, en raison, je pense, du travail qui ne l'intéresse pas, qui commence d'être difficile pour elle car les leçons ne sont pas forcément apprises. De ce fait, quand elle laisse les autres tranquilles, je la laisse faire. Est-ce la bonne solution ? Sachant que si on la contrarie, cela peut aller jusqu'aux grossièretés, « crise », table renversée, cris dans la classe, bousculades etc... Le deuxième enfant, un garçon, est « perturbateur ». Il est sans cesse en train de parler, de se disputer avec un autre enfant qu'il n'aime pas... De ce fait, son travail est mal fait (il est capable de bien faire), parfois même non fait (et il dérange la classe). La difficulté que je rencontre avec lui est un problème d'autorité. Il « se fiche » de ce que je lui dis, des punitions. J'ai même déjà eu l'occasion de discuter avec sa mère sur ce sujet (maman très gentille et en accord avec les professeurs concernant son enfant) mais rien ne change. Comment faire ? Quel « moyen de pression » avoir sur cet enfant pour qu'il arrête de se rendre intéressant en permanence ? Remarque : Les enfants de cette classe font très bien la part des choses entre eux et l'enfant suivie en hôpital de jour. Ils ont conscience de ses différences et en aucun cas ils n'essaient de faire comme elle ou estiment qu'elle a plus de droits que les autres. C'est une classe plutôt moyenne au niveau des apprentissages et qui a toujours eu des professeurs à mi-temps, donc plusieurs professeurs dans l'année (sauf en CE1). C'est une classe qui a toujours été considérée dans l'école comme assez difficile. 19) Classe de CP/CE1 : Gestion d'une crise de nerfs chez une élève suivie par le RASED dans cette école de ZEP, à l'heure de la sortie (16h30). Alors que la journée se terminait, quelques élèves de CP de ma classe de CP/CE1 n'avaient pas terminé leur feuille d'exercices de lecture. Les CE1 commençant à s'impatienter du fait que les CP rangeaient leurs affaires trop lentement, je répète aux 3 élèves n'ayant pas terminé de me donner leur feuille (qu'ils pourront finir le travail le lendemain, calmement) et de ranger leurs affaires. A ce moment précis, une élève de CP refuse de me donner sa feuille parce qu'elle n'est pas finie. Je lui ré-explique que ce n'est pas grave, que je l'aiderai à la terminer le lendemain et qu'elle n'est pas la seule dans ce cas. Refusant de me donner sa feuille et commençant à s'énerver et à pleurer en parlant fort, elle me balance sa feuille, puis balance sa chaise, met ses cahiers par terre, tape des pieds et hurle. Loin de calmer les autres, cette crise est le moment propice pour les autres et les voilà qui parlent et en rajoutent au chahut. Je rétablis le silence pour faire sortir les enfants (il est alors 16h40), mais mon élève boude dans son coin (mais range ses affaires). Les autres élèves sortent ; celle-ci reste en classe, toujours rouge de colère et prête à tout casser. Je me suis sentie mal à l'aise : comment faire pour accompagner mes élèves au portail et ne pas laisser cet enfant seule ? Je décide donc, en la voyant venir vers la porte, doucement parce qu'elle tapait le travail fait en arts visuels suspendu au mur, de lui prendre la main pour la faire sortir. Mais il s'agissait là d'un rapport de force ? J'ai du la tirer. Elle criait et certains parents regardaient comme des bêtes curieuses. Je me sens encore mal rien que de repenser à cette situation qui m'a traumatisée : où est la limite ? Comment aurais-je pu faire autrement ? L'élève a ensuite pris son temps pour venir à la grille, mais je la surveillais. C'était plus simple. Mais certains enfants sont tout de même partis alors que j'avais le dos tourné. Et si ce soir là il y avait eu un problème ? Après m'avoir lancé « je vais le dire à ma mère ! » (ce à quoi j'ai répondu : « maman, je veux bien la recevoir »), elle est revenue le lendemain heureuse, sans rancune, et a terminé sa feuille. Comme mon poste est fractionné (je n'y suis qu'une journée et demie par semaine), la titulaire m'a dit que cela se produisait souvent aussi avec elle et qu'elle allait faire un bilan psychologique. Depuis, rien de nouveau. 20) J'ai 11 CE1 et 14 CE2. Ce sont des élèves (et enfants) très attachants, qui travaillent bien, mais qui sont sans cesse en train de s'occuper de ce qui ne les regarde pas. Ceci génère parfois des conflits (en classe, dans la cour...) qui, après discussion ou un débat se résolvent facilement. Sauf avec une élève qui se sent toujours « agressée » (surtout dans les attitudes et les paroles). Le fait de discuter avec elle permet d'arranger les situations mais je ne vois pas de progrès dans son comportement à l'inverse de certains qui font des efforts (sur leur comportement envers les autres et l'acceptation de celui des autres). Cette élève peut devenir très virulente dans ses propos envers ses camarades, et d'un autre côté vouloir les aider quand elle les voit en difficulté, mais il n'est pas rare que cela tourne au drame. Elle a été suivie l'an passé par le psychologue scolaire et a mûri quant à ses relations avec l'adulte (s'il y a conflit avec moi, on en discute beaucoup et elle comprend ce qui s'est passé, bien ou mal). Dans ses rapports avec les enfants de son âge, c'est une autre affaire : elle les chahute, vole des fournitures leur appartenant, leur fait mal, les insulte et considère n'avoir jamais tort ! J'ai beaucoup de patience avec elle, j'essaie d'être le plus juste possible et de discuter chaque situation avec elle. J'évite la sanction et la punition car elle se venge sur les autres. En revanche, je lui demande de réfléchir à une « attitude réparatrice » envers l'enfant concerné, ce qui commence à venir d'elle-même. Les autres aussi font des efforts et tentent de ne pas trop prendre en compte ce qui se passe et donc de ne pas toujours réagir (ce qui est souvent bénéfique). Elle se croit toujours injustement prise à partie, ne supporte pas le regard de l'autre, ne sait pas et ne peux pas travailler quand il s'agit d'un travail de groupe (il naît toujours un conflit, l'abandon de ses camarades et souvent les groupes dans lesquels elle se trouve ne terminent pas). Je l'ai isolée à une table, mais la situation n'était pas meilleure et j'ai préféré la remettre à côté d'une autre élève. Elle est pourtant très attachante, mais très difficile avec les autres. 21) Je suis dans une école de ZEP, en CP. L'école a été victime de dégradation lors du mois de novembre. Suite à ces événements, mes élèves étaient particulièrement agités (des membres de leurs familles ayant été arrêtés). Un après-midi, je remontais en classe et une bagarre a éclaté dans l'escalier : un élève ayant accusé le frère d'un autre élève d'être à l'origine de l'incendie de la cantine. Après les avoir séparés, nous rentrons en classe en repoussant l'explication au soir comme c'est la coutume dans l'école. Un de mes élèves refuse ensuite de se mettre au travail. Il prend son crayon et écrit sur la table. Je lui apporte une éponge pour qu'il nettoie sans faire de remarque. Mais l'enfant continue à écrire sur sa table. Je vais donc le voir pour lui demander de nettoyer sa table, sans pour autant me fâcher. A ce moment, il rentré dans une colère noire, déchirant sa feuille et refusant de s'asseoir. Pendant que je tentais de le calmer, la bagarre du midi reprend en classe. Je laisse donc Denis pour aller séparer les 2 garçons. Il en a profité pour déchirer son cahier et s'enfuir de la classe. Les autres continuaient tant bien que mal à travailler. J'ai envoyé un élève sage prévenir la directrice de la « fugue » de Denis. Après un relatif retour au calme, la sonnerie annonça la récréation. Là, j'ai tenté de me calmer, j'ai respiré fort et ai éclaté en sanglots : la pression avait été trop forte. L'aide éducateur de l'école a descendu mes élèves en récréation et je suis allée me calmer dans le bureau. Je n'étais pas capable de reprendre la classe après cela. Le maître E a donc emmené les élèves sages pour travailler et avec la direction, j'ai gardé mes trois garçons dans la classe, tête sur la table. Il m'a fallu une semaine pour revenir à l'école sereinement. |