L'enfant programmeur

Colette Girardot

L'idée que « l'enfant programmeur » progresse considérablement dans le domaine du raisonnement, grâce à l'informatique est issue des travaux de Seymour Papert. De nombreuses expériences avec le langage LOGO ont été menées au début des années 80 en France et à l'étranger avec un immense enthousiasme. Elles ont été peu à peu abandonnées et sont parfois même controversées sous le prétexte qu'aucune évaluation sérieuse n'a pu en être faite et que certaines équipes de recherche ont détourné LOGO de ses objectifs premiers.

Au même moment apparaissait, un nouveau langage SMALLTALK, bâti sur un nouveau paradigme, celui des objets, et qui semblait donner une dimension supplémentaire aux activités réalisées jusqu'alors en LOGO. La tortue ne serait plus qu'un objet parmi d'autres, on pourrait créer plusieurs tortues, mais aussi de multiples classes d'objets de nature très variées. Malheureusement quand SMALLTALK arriva en France, ce fut sous la forme d'un environnement de programmation destiné à des professionnels de l'informatique ou aux étudiants de l'enseignement supérieur. Mais la version de MICRO-SMALLTALK implémentée en Le-Lisp par Isabelle Borne [1984], inspirée des travaux de Pierre Cointe [1981, 1985] a permis au non spécialiste d'entrevoir les richesses infinies de ce nouveau langage.

Dans notre recherche, nous menons le plus loin possible un travail resté jusqu'ici théorique et inexploré : amener de jeunes enfants aux premiers stades de la programmation par objets. En nous appuyant sur le programme officiel de mathématiques, de français et d'informatique du cycle III, nous construisons un environnement adapté à des élèves de CM et nous l'expérimentons.

Certes, nous n’avons pas de moyens, matériels ni humains, pas d’encouragements de l'institution. Mais l’enthousiasme et la passion pédagogique peuvent soulever des montagnes… Un chaîne amicale se met en place : Isabelle Borne trouve les « minuscules accentuées » qui manquent à la version d’OBJECT-WORKS SMALLTALK 4.1. et qui permet de développer la partie « conjugaison » du logiciel destiné aux enfants, Jean-François Perrot accueille Colette Girardot en auditrice libre à ses cours de DESS d’IA, pour lui permettre de programmer avec cette version difficile et peu documentée, l’environnement destiné aux élèves, Gérard Bonnérat maître formateur en CM2 accepte avec enthousiasme d’ouvrir sa classe et de partciper à l’expérience.

Il subsiste un problème majeur, la salle informatique de l’école annexe est remplie « des carcasses des TO7 » du plan informatique pour tous, hors d’usages et qui ne toutes façons ne peuvent pas nous servir. L’école sera équipée de Macintosh, mais bien plus tard, donc bien trop tard pour nous… Alors, Jan Stransky (responsable chez Apple Computer France de la liaison avec la recherche), convaincu de l’intérêt de ce travail, prête un, puis trois ordinateurs pour l’expérimentation en classe… La bienveillance, la confiance de l’IDEN Jean Cella est acquise, nous avons l’autorisation officielle de travailler dans la classe, l’enthousiasme des élèves et de leurs parents est, elle, aussi au rendez-vous.

DIX ANS PLUS TARD…

Les technologies ont beaucoup progressé, les ordinateurs ont envahi les écoles, Internet a favorisé la prise en main par le grand public de l’ordinateur. Il serait peut-être grand temps pour l’institution Education Nationale de relancer dans les programmes l’introduction d’une véritable culture scientifique de l’informatique…

POUR ACCEDER A CES TRAVAUX...

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