Débats à propos des jeux vidéo... et d'autres avatars médiatiques...
Laurent Trémel |
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A la suite d'un échange avec Philippe Meirieu, et en préfiguration de la parution d'un ouvrage dont j'assure la coordination (La culture audiovisuelle : une nouvelle forme d'éducation populaire ?), que celui-ci nous fera l'honneur de préfacer, il m'a paru intéressant de signaler aux internautes consultant son site quelques liens correspondant à des articles que j'ai récemment diffusés sur un média "grand public" : le site Web du magazine Technikart, plutôt consulté par des jeunes "branchés". Les deux premiers tenaient à interpeler cette population et, pourquoi pas, un public plus large, sur la formalisation, en période de pré-campagne électorale, de discours "réactionnaires", visant à attaquer la "sociologie" et le "pédagogisme". Je n'y ai pas été avec le dos de la cuillère, et j'ai tenté ici, par l'absurde, de démontrer le caractère spécieux de telles attaques, en rappelant quelques éléments historiques attestant de la vacuité de la pensée de ces "nouveaux réac'" qui ont actuellement le vent en poupe... Voir : http://www.technikart.com/2007/04/27/6860-des-bons-et-des-mauvais-sauvages-et-de-lecole-republicaine Le processus de dénigrement de la pensée progressiste se retrouve aujourd'hui également dans les scénarii de certains jeux vidéo, notamment dans des produits aux prétentions "historiques", qui réécrivent l'histoire (la "révisent" même pourrait-on dire !) d'une manière éminemment problématique (perspective ethnocentrée, voire xénophobe, apologie de la civilisation américaine opposée à une dénonciation triviale du "communisme", etc.). On trouvera des éléments présentant cette réflexion ici : http://www.technikart.com/2007/06/14/6967-je-revise-mes-cours-dhistoire-en-jouant-aux-jeux-video Elle peut également être prolongée par la lecture très stimulante de cet article de mon ami Tony Fortin, mis en débat sur le site du Monde diplomatique : http://blog.mondediplo.net/2007-06-14-Jeux-video Dans mes travaux (*), j’en viens à la conclusion qu’il faut militer pour l’éducation à l’image, processus entravé aujourd’hui par plusieurs logiques, notamment du fait de cette "nouvelle pensée réactionnaire" décomplexée... On comprend bien, en effet, comment cette nécessité s'oppose à l’idée que l’on pourrait arrêter la scolarité à 14 ans et qu’il conviendrait avant tout d’apprendre aux jeunes durant leur scolarité "l’essentiel" (orthographe, lecture, calcul, se servir d’un ordinateur pour pouvoir travailler). Mais il faut aussi s'interroger sur le comportement irresponsable de "bobos" (souvent de "gauche") qui pensent - sans doute sincèrement hélas - que les "jeunes générations" savent très bien se "débrouiller" avec le multimédia, car elles seraient en quelque sorte "nées dedans" (c’est vrai des enfants de ces personnes...) et que l'éducation aux médias telle qu'on a voulu la développer dans les années 1970 et 1980 serait un peu "ringarde"... Certaines interventions sur le site du Monde diplo sont en ce sens éloquentes... Mathématiquement, la combinaison d’une logique où, d’une part, on renonce à attendre du système éducatif qu’il éduque à l’esprit critique (peut-être pour des raisons politiques parfaitement intéressées : on peut préférer mai 2007 à mai 1968...) et, d’autre part, on présuppose que les "jeunes", et leurs familles, peuvent se "débrouiller" avec les images, peut engendrer à mon sens dans la population un processus global et une régression significative par rapport aux pensées progressistes développées depuis le 19e siècle.
(*) voir notamment : Trémel L., 2004, « A propos des pratiques culturelles des "jeunes" : rappel de quelques principes sociologiques à l’orée du 21e siècle », in Santolaria N., Trémel L. (coords.), Le grand jeu. Débats autour de quelques avatars médiatiques. Paris. PUF. |