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UN LIVRE POUR ENFANTS ET ADOLESCENTS, A LIRE SEUL OU AVEC LES ADULTES, SUR UNE FIGURE EXCEPTIONNELLE DE L'HISTOIRE DE LA PEDAGOGIE Janusz Korczak est né en 1878 dans une famille juive de Varsovie. Pour son instruction, il est confié à une école « triste et sévère » où l’on bat les enfants à la moindre occasion : il en restera profondément marqué. Adolescent, Korczak devient précepteur afin de contribuer aux ressources de sa famille. Puis il s’intéresse aux gosses qui errent dans son quartier et organise une sorte d’« école de la rue ». Après avoir hésité, il abandonne ses études littéraires et décide de devenir médecin : « La littérature, c’est seulement des mots, explique-t-il, la médecine ce sont des actes. C’est le moyen d’offrir à tous une vie meilleure. » Après avoir voyagé en Europe pour étudier les expériences de « communautés d’enfants » qui se développent alors dans la mouvance de « l’Education nouvelle », il ouvre, en 1912, la première Maison des orphelins. Mobilisé en 1914, il découvre les situations désespérées que vivent les enfants ballottés dans la guerre et bien souvent abandonnés à eux-mêmes. Il écrit Comment aimer un enfant. À son retour à Varsovie, il ouvre de nouveaux orphelinats, publie Le Roi Mathias Ier, un livre pour enfants. Puis il lance La Petite Revue, hebdomadaire écrit par et pour les enfants. Il met aussi en place une « école expérimentale », sans notes, sonneries, ni emploi du temps imposé à tous, et où les élèves choisissent leurs activités et sont évalués sur leurs réalisations de fin d’année. En 1934, il anime une émission de radio qui aura un immense succès, Les Causeries du vieux docteur, et multiplie les engagements en faveur de l’enfance, jusqu’en octobre 1940 où, après l’invasion de la Pologne par les nazis, il doit s’installer dans le ghetto. Dès son retour de la guerre, Korczak n’a cessé d’interpeller les autorités sur le sort des enfants abandonnés. Très vite, il propose que l’on définisse les Droits de l’enfant. Pour lui, l’enfant est, tout à la fois, un être complet et inachevé. C’est un être complet et non un simple « adulte en miniature » ou une « cire à modeler » car, tout petit, il a déjà une multitude d’émotions et participe de ce que Montaigne appelait « l’humaine condition » : « Les chagrins des petits ne sont pas des petits chagrins », disait Korczak et l’enfant a le droit d’avoir une vie personnelle avec ses secrets, ses histoire souvent complexes et ses problèmes qui ne sont pas plus faciles à résoudre que ceux des adultes… C’est pourquoi l’adulte doit entendre l’enfant, prendre au sérieux ses réactions et ne pas fuir les échanges, y compris sur des questions difficiles comme la solitude, l’amour ou la mort. Et la bienveillance de l’adulte n’exclut nullement – bien au contraire - une exigence essentielle à son égard : exigence de qualité d’expression, de lucidité, d’information, de probité… exigence qui est un appel à s’exhausser au-dessus de lui-même et à grandir… ***Korczak n’est pas un idéaliste : il sait que les enfants et les adolescents ne sont pas toujours faciles, il décrit les orphelins comme « bruyants, violents, excités et insolents ». Pas question de s’y résigner ! Le « respect de l’enfant » n’a rien à voir, pour lui, avec l’admiration naïve d’une enfance idéalisée. Respecter l’enfant, ce n’est pas refuser les contraintes, c’est chercher les contraintes fécondes, non pas celles qui permettent aux adultes d’« avoir la paix », mais celles qui permettent à l’enfant de progresser. |