L'enfant, l'éducateur et la télécommande, entretiens avec Jacques Liesenborgs, Bruxelles, Labor, 2005 |
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Retour sur un parcours et des engagements qui ne font sens qu'à travers une conception de l'acte éducatif : aider l'autre à grandir, c'est l'aider à se défaire de son narcissisme, de son égocentrisme, du fantasme de la toute-puissance et du passage à l'acte immédiat. C'est cela qui permet à l'enfant d'accéder aux savoirs, au citoyen de renoncer à ses intérêts personnels au nom du bien commun, aux hommes d'espérer survivre au règne du caprice généralisé. La télécommande est donc, ici, bien plus qu'un objet - un phallus high tech -, c'est le symbole de la régression dans l'infantile contre laquelle se construit, difficilement, ce que l'on nomme la "civilisation". Avec cette perspective, on peut relire, alors, l'éducation familiale et scolaire, l'importance de la vie associative, la formation à la lecture de l'image. On peut relier l'intime au politique et comprendre en quoi le même mouvement permet de renoncer à la toute-puissance de l'enfant-roi et de s'engager dans la construction d'une société démocratique.
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Les petits objets font parfois de grandes révolutions. Ainsi la télécommande, que nos enfants manipulent avec virtuosité, développe-t-elle chez eux un sentiment de toute-puissance : connectés directement au monde, ils décident ce qu'ils veulent voir et, à terme, risquent de faire de l'univers tout entier un objet de leurs caprices. Sidérés, les jeunes restent scotchés à l'écran et pataugent dans l'infantile dont les parents, les enseignants et, plus largement, tous les éducateurs devraient justement les aider à se libérer... C'est sur cette toile de fond que Philippe Meirieu, à travers les entretiens qu'il a eus avec Jacques Liesenborghs, revisite les étapes décisives de l'éducation : de l'enfant-roi qui doit renoncer au passage à l'acte immédiat, à l'élève que l'École doit former à la reconnaissance de l'altérité et à l'exigence de vérité, jusqu'au citoyen qui doit pouvoir se libérer de toute forme d'emprise et s'associer librement avec d'autres. Sans se complaire dans la nostalgie passéiste ni excommunier quiconque, sans éluder les rapports complexes entre l'école, les familles et le tissu social, cet ouvrage explique comment chacun peut, dans son domaine, aider l'enfant à grandir aujourd'hui. Loin de tout fatalisme, il propose des pistes concrètes, tant pour l'action quotidienne des parents, enseignants et éducateurs, que pour l'action politique qui ne peut plus ignorer les défis éducatifs de notre temps. Autant dire qu'il concerne aussi bien les parents et les professeurs que tous les citoyens soucieux de l'avenir... |