Cet ouvrage rend compte des débats très riches qui ont eu lieu à Montréal, en novembre 2000, à l'occasion d'un colloque organisé dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier. La question n'était pas, à l'époque, aussi précisément posée qu'elle ne l'est aujourd'hui en France. En effet, depuis la "loi d'oriention sur l'avenir de l'école" de mars 2005, des objectifs quantitatifs ont été donnés de manière très impérative au système scolaire, en même temps qu'a été réaffirmée "la liberté pédagogique" des enseignants. Nous nous trouvons donc dans une situation paradoxale où les chefs d'établissements se trouvent placés devant une "obligation de résultats", tandis que les enseignants se trouvent placés, eux, devant l' "obligation de moyens". Paradoxe difficile à gérer, d'autant plus qu'il renvoie à la définition même de l'acte pédagogique, aux missions de l'Ecole et, même, aux finalités de nos sociétés. Ces questions sont débattues dans cet ouvrage par une vingtaine de spécialistes internationaux dont Jacky Beillerot, Mireille Cifali, Yves Lenoir, Jean-Jacques Paul, Guy Pelletier, Philippe Perrenoud, Bernard Rey, Maurice Tardif, etc.

L'obligation de résultats en éducation représente un véritable choc pour un milieu scolaire traditionnellement réfractaire à l'évaluation et à la reddition de comptes, et pour un système d'éducation dont la seule véritable priorité au cours des quarante dernières années a été l'accessibilité à l'éducation pour le plus grand nombre. Car, au-delà de la rhetorique et des stratégies managériales actuelles - qui méritent a juste titre dêtre débattues et leurs effets appréciées de manière critique -, est en cause la capacité du système éducatif à définir et assumer sa part de responsabilité par rapport à l'offre de formation mais aussi à ses résultats.

Ce livre propose des réflexions sur cette évolution. L'obligation de résultats y est définie de plusieurs manières : en référence aux apprentissages des éleves, en tant que responsabilité d'un collectif de travail, en rapport avec les moyens, processus ou procédures de travail, en fonction de la compétence d'un enseignant moyen, compte tenu de son expérience et de son parcours de formation. Les auteurs prennent aussi en compte les tensions réelles entre l'accent mis sur des cibles quantitatives et une approche qualitative de la réussite scolaire et éducative, entre une vision réductrice et une définition large de la mission de l'école, entre les plans de réussite et les réformes, entre l'accroissement souhaité du "rendement" et la perte anticipée d'efficience publique du système dans son ensemble et, enfin, entre la reddition de comptes et la professionnalisation de l'enseignement.

Cet ouvrage est destiné aux étudiants des second et troisième cycles, de même qu'aux professeurs et chercheurs en Sciences de l'éducation. II s'adresse également a toute personne désireuse d'analyser et de comprendre les enjeux d'une question primordiale et très actuelle en éducation.