D’autres cadeaux de Noël… À l’approche des fêtes de Noël, nous sommes assaillis d’une multitude de catalogues, publicités et autres injonctions afin de nous faire acheter les cadeaux qui correspondent précisément aux « profils » de ceux à qui nous voulons faire plaisir. Parfums de luxe pour les femmes à la mode, gadgets high tech pour les hommes d’affaires branchés, vaisselle épurée pour les jeunes couples écolos, linge de maison et bonnes bouteilles pour les pantouflards entre deux âges, beaux livres spécialisés pour les collectionneurs en tous genres, jouets électroniques pour les garçons férus de technologie et poupées romantiques pour les petites filles, jeux vidéo pour les ados, etc. Tout se passe comme si nous étions condamnés à toujours offrir « le cadeau qu’il faut » et que les marchands ont déjà soigneusement sélectionné à notre place. Triste conception du cadeau ! Et si nous tentions de subvertir tout ça ? Juste pour faire découvrir à nos proches des objets et des centres d’intérêt qu’ils ignoraient ! Inversons les tendances : offrons le dernier album manga au quinquagénaire qui en ignore jusqu’à l’existence, de vieux films d’Hitchcock à des jeunes accros au dernier feuilleton télévisé à la mode, un livre sur l’Égypte au gamin passionné de mécanique et un jeu de construction mécanique à sa mère qui se fait un devoir de ne rien comprendre aux automobiles. Après tout, Hercule, l’image même du « macho » viril, n’a-t-il pas trouvé du plaisir à apprendre à filer la laine après qu’Omphale lui eut offert un rouet ? Et, puisque c’est Noël, autorisons-nous à rêver, à imaginer l’improbable, l’impossible même ! Pourquoi, par exemple, ne pas offrir à tous les pensionnaires des maisons de retraite un ordinateur portable ? Trop cher ? Allons donc : à peine une dizaine de journées de pension ! Sans intérêt pour eux ? Bien au contraire : imaginez ce que cela pourrait représenter pour ceux et celles qui sont assignés à résidence et n’ont pour tout loisir que la télévision ! Ils pourraient faire des recherches historiques et généalogiques, envoyer et recevoir des photos, reprendre contact avec des vieux amis, découvrir ce que leurs petits enfants ou arrière petits enfants regardent tous les jours sur You Tube, visiter le monde, télécharger des livres, se tenir informés, etc… Mais, dira-t-on, les pensionnaires des maisons de retraite ne sauront pas se servir d’un ordinateur. Évidemment… et ils auront besoin qu’on le leur apprenne ! Alors pourquoi ne pas imaginer des jumelages entre des lycées et des maisons de retraite : pourquoi des élèves de première n’iraient-ils pas, seuls ou à deux, initier leurs aînés à l’informatique ? Je suis même prêt à parier que des relations extraordinaires se noueraient ainsi… Quelque chose d’inédit pourrait advenir dans notre société cloisonnée. Quelque chose de miraculeux. Noël, en somme… |