La bourse ou la vie ?
À faire des voeux, autant qu'ils soient le reflet de véritables aspirations et renvoient à des choix importants pour l'avenir. Bonne occasion de prendre date. Prendre date, par exemple, sur le choix de l'éducation comme véritable priorité nationale... choix que ceux qui briguent nos suffrages prétendent tous avoir fait, mais qu'on attend, maintenant, de voir se concrétiser ! Un exemple : je fais partie des Français, plutôt favorisés, qui écoutent parfois les radios d'information et regardent de temps en temps les chaînes consacrées à l'actualité. Je suis aussi les nouvelles sur les chaînes généralistes... Et, partout, je dois subir régulièrement les informations boursières, plusieurs fois par jour. J'entends ainsi - sans véritablement les écouter - des données qui semblent de toute première importance : cours du CAC 40 et du Nasdaq, évolution du Dow Jones et du Nikkei, indices sectoriels sur les côtes des produits financiers, indicateurs avancés concernant le classement des trackers... avec des formules encore plus exotiques sur les « performances consolidées des fusions acquisitions », voire la mise en place d'un « eart out assis sur les résultats anticipés ». Tout cela est, évidemment, très précieux pour les hommes d'affaires et les spécialistes d'économie. J'imagine même que tout cela est déterminant pour l'avenir immédiat des salariés, des consommateurs et des citoyens que nous sommes... Mais, franchement, sous la forme sous laquelle ces choses-là nous sont proposées, quel pourcentage d'auditeurs ou de téléspectateurs ces informations peuvent-elles concerner ? En revanche, en éducation, c'est le vide. Ainsi, nous entrons, comme chaque début d'année, dans une période déterminante pour l'avenir de millions d'élèves. Les parents - et, plus généralement, tout l'entourage des enfants - vont devoir prendre des décisions concernant l'orientation. Ils ne disposent pour cela que d'informations parcellaires dans des brochures parfois difficiles à décrypter. Rien, ou presque rien, n'est fait sur les ondes pour les aider à s'y retrouver dans l'imbroglio des séries, filières, options... Dans un autre domaine, nous assistons parfois à de vives polémiques sur les méthodes d'apprentissage - en lecture, grammaire, calcul, histoire ou français - mais nous ne disposons d'aucune émission régulière pour que le grand public comprenne ce qui se joue là. Contrairement à la médecine, à l'environnement, à l'automobile, aux animaux domestiques, l'éducation n'est jamais traitée régulièrement, sur nos médias, avec un souci de vulgarisation intelligente. Quant à la pédagogie elle est, elle, totalement absente... sauf dans les invocations ou les caricatures ! À quand un temps d'antenne équivalent pour l'éducation à celui occupé par la bourse ? Une proposition dans ce sens serait hautement symbolique. Nous l'attendons. |