Quelle maison pour l’école ? À l’approche de la rentrée des classes, les « marronniers » traditionnels sont de retour : la première rentrée des tout-petits, le poids des cartables, le coût des fournitures et les fermetures de classes… Tout cela est, bien évidemment, très important, mais il est un sujet – tout aussi essentiel – dont on risque de ne pas plus parler que d’habitude : l’architecture scolaire. Celle-ci est, pourtant, un des plus beaux fleurons de la France et les images de nos grands lycées comme de nos petites écoles de jadis sont dans toutes les mémoires. Elles font partie, à juste titre, de notre patrimoine… C’est que nous étions parvenus, au XVIII et au XIXème siècles, à inventer des modèles architecturaux forts et cohérents. Les lycées napoléoniens étaient une forme hybride entre la caserne et du couvent : larges cours pour constituer les rangs et cloîtres pour la méditation ; petits bureaux pour les entretiens individuels, salles de classe pour les enseignements en groupes, grands dortoirs et réfectoires pour marquer l’importance de la communauté d’appartenance ; prestigieux frontispice, escaliers monumentaux, statues des grands ancêtres pour dire à tous le caractère hautement symbolique de ce lieu : prolongement de l’histoire et incarnation de l’État. À côté, dans les quartiers et dans les campagnes, on construisit des écoles communales avec le même souci d’inscrire une institution dans les pierres : adossées à la mairie, avec une symétrie pour l’école de filles et l’école de garçons, une cour et un préau, des salles bien calibrées et une façade parfaitement reconnaissable avec son imitation de fronton grec et ses hautes fenêtres à carreaux. L’exode rural, « l’explosion scolaire » des années 1960, la restructuration du tissu urbain… tout cela a amené à construire dans l’urgence un nombre considérable de bâtiments scolaires. EN 1963-64, on inaugurait, en France, un collège par jour ouvrable ! Pour le plupart des boîtes de chaussures empilées et à peine ignifugées. Fort heureusement, nous avons fait quelques progrès depuis… Mais pas assez. Nous n’avons pas vraiment cherché ce que pourrait être une maison-école adaptée à la modernité et à ses exigences. Nous avons surestimé l’espace-classe au détriment des espaces collectifs et des lieux de transition. Nous n’avons pas réfléchi aux locaux qui seraient les plus en mesure de mettre nos enfants en situation de pouvoir se concentrer. Nous n’avons pas été assez hardis dans le domaine des ateliers pour les arts, la technologie, comme dans celui des salles de travail documentaire par petits groupes… Des collectivités territoriales s’efforcent aujourd’hui de rattraper le retard. (1) Il est temps ! (1) Ainsi, le Conseil général de l’Oise vient-il d’organiser un « concours d’idées » sur « le collège du troisième millénaire » dont les résultats sont très prometteurs. |