Performances scolaires Chaque rentrée scolaire est l’occasion de s’interroger sur les performances du système scolaire… Or, la notion même de « performance » prête à discussion : une performance, c’est ce qui se mesure. Et, il existe des missions de l’école qui ne peuvent pas facilement faire l’objet de mesures : c’est le cas, par exemple, de la formation à la citoyenneté dont on parle tant ou de l’accès à l’autonomie que tout le monde s’accorde à considérer comme décisif. Certes, on peut rechercher des indicateurs – comme l’usage du Centre de Documentation et d’Information pour l’autonomie ou la diminution des actes de violence pour la citoyenneté -, mais les résultats chiffrés restent relativement aléatoires… Or, face à la pression sociale, il y a un vrai danger que l’on s’arrête de faire ce que l’on n’est pas capable de mesurer. Ce n’est pas parce que l’épistémophilie (l’amour du savoir) ne peut pas faire l’objet de tests scientifiques qu’il s’agit là d’un objectif obsolète. Tout au contraire, c’est même un objectif majeur, comme ils l’était déjà pour les philosophes grecs ! Il faut résister, sur cette question, à la dictature de l’évaluation chiffrée. Il faut aussi considérer les performances au niveau du fonctionnement du système lui-même : or, nous avons, sur ce point, des objets d’inquiétude. Depuis dix ans environ, la machine-école ne semble plus progresser en dépit des réformes et des efforts qui sont consentis. La part d’élèves qui sort du système sans qualification ni formation de base suffisante ne baisse plus. L’échec est stable et beaucoup trop haut : 15% à 20% des jeunes sont, aujourd’hui, en grande difficulté… Et, plutôt que de chercher comment, le plus tôt possible, les réconcilier avec l’école et leur donner les moyens d’apprendre, on les ghettoïse et on les désespère. Quand aux performances individuelles, le fameux « niveau » dont on ne cesse, depuis si longtemps, de dire qu’il baisse, les choses sont encore plus compliquées. Si l’on peut, en effet, faire passer le Certificat d’Études de jadis à des jeunes d’aujourd’hui, on ne peut faire passer le baccalauréat aux élèves de 1930. On connaît donc assez bien les déficits de nos jeunes, sans bien repérer les domaines où ils sont meilleurs. Une certitude cependant : le niveau en orthographe grammaticale est, effectivement, en baisse et requiert un sursaut tant scolaire que social… Et une évidence, pourtant mal identifiée : nos élèves ont massivement aujourd’hui de grandes difficultés d’attention ; ils zappent, se dispersent et ont du mal à se concentrer. Fatigués, stressés, soumis à des sollicitations médiatiques trop pressantes, ils peinent à se mettre au travail et à s’y investir durablement. Ce phénomène devrait nous inquiéter plus qu’il ne le fait… et nous faire réfléchir plus fortement sur ses causes sociales et ses remèdes pédagogiques. |