Second life Révélé au grand public à l’occasion de la campagne présidentielle – des lieutenants des principaux candidats l’ayant largement utilisé – le site Second life (SL en jargon branché) devient un véritable phénomène de société. Il existe, en effet, sur Internet un monde imaginaire dans lequel vous pouvez créer votre « avatar » et vivre, à travers lui, une seconde vie. Vous donnez à cet « avatar » l’allure que vous voulez et le dirigez à votre guise… pour peu, bien sûr, que vous maîtrisiez la technique assez sophistiquée que cela requiert. Second life est une sorte de gigantesque Disneyland dans lequel vous pouvez vous détendre, vous cultiver, vous marier, etc. Vous pouvez voyager à votre guise, passer d’un saloon à une université, faire une excursion, paresser sur une plage… et, bien sûr, faire des rencontres de toutes sortes : on prétend qu’il y a sept millions d’habitants ! De plus, si ce monde ne vous satisfait pas, vous pouvez contribuer à son développement, créer des lieux nouveaux, des espaces naturels, des villes et des maisons. Et, enfin, vous pouvez gagner votre vie en vendant vos créations. Car, il y a une monnaie dans Second life - le linden-dollar - et vous pouvez l’échanger au taux d’un euro pour 350 linden-dollars. On dit même qu’il s’est construit ainsi de fabuleuses fortunes ! Bien sûr, Second life n’est pas la première méthode inventée par les hommes pour vivre une deuxième vie imaginaire où l’ont peut, enfin, réaliser tout ce qui est impossible dans le monde réel : la magie, le rêve, mais aussi la littérature, le Monopoly, etc. Toutefois le phénomène prend ici une ampleur inégalée et franchit un seuil : tout est fait pour que le virtuel supplante le réel et ne se contente plus de le faire oublier provisoirement. À terme, peut-être vivrons-nous d’abord sur Second life, en y connectant la multitude d’appareils électroniques que nous aurons à notre disposition… n’en sortant que pour satisfaire aux obligations naturelles irréductibles : se nourrir, se laver… Mais qui sait ? Même ces activités pourront, peut-être, se dérouler automatiquement pendant que, sous hypnose, nous ne vivrons plus qu’ « ailleurs » ! On se souvient sans doute que Descartes, dans ses méditations pour chercher ce qui résiste au doute et qui puisse être considéré comme une vérité assurée, avait imaginé que le monde tout entier n’était que tromperie, illusions manipulées par un « malin génie ». Rien ne nous prouve, après tout, remarquait le philosophe, que nous ne rêvons pas ! Et, au bout du compte, Descartes ne sauvait l’existence du monde que par la seule certitude dont il ne pouvait pas douter : Cogito ergo sum. Espérons que, face à la déferlante de Second life et de tous les univers virtuels, nous puissions encore tenir tête en disant, de temps en temps : « Je pense donc je suis ». Pour plus d’informations et une excellente analyse de Second life : http://www.planetjeux.net/index.php3?id=article&rub=read&article=143 |